Prés, et trad. F. Lemonde. Rivages, coll. Petite bibliothèque », 2002, 115 p., 6,85 €.

Cet écrivain anglais du début de XVIIè siècle converti à l'anglicanisme à l'âge adulte, est peu connu en France. Dans ses sermons, essais théologiques et poèmes, le thème de la maladie et de la mort est constant. Lui-même gravement malade à cinquante ans, il écrit les Dévotions en temps de crise en trois parties : « Méditations sur notre condition humaine » ; « Explications et débats avec Dieu » et « Prières à lui lors de diverses occasions ». C'est la première partie qui nous est ici livrée en vingt-trois méditations courtes. Leur point de départ est l'observation, la surprise la dégradation de la santé, la station allongée l'insomnie la réaction des médecins, l'évolution de la maladie. Ces méditations opèrent le passage de cette expérience subjective de la maladie sécrétée par le corps à une prise de conscience de notre misère humaine.
Sobres et simples, ces pages sont d'une étonnante modernité. Elles insistent sur la relation médecin patient : admiration, confiance et reconnaissance ne diminuent pas la relativité de leurs connaissances Si les médecins sont animés de compassion et habités d'un sentiment de solidarité, la pensée de l'homme est capable d'affronter dans la dignité l'incohérence d'un corps malade en rébellion. Le style est proche de celui de Biaise Pascal dans sa « Prière pour demander à Dieu le bon usage de la maladie » éditée quarante ans plus tard (et ajoutée en annexe de l'ouvrage).
Ce livre sera éclairant pour ceux qui soignent ou rencontrent des patients en fin de vie : il nous offre un document exceptionnel sur le vécu d'un malade, son regard sur ceux qui veulent l'aider et ses incontournables questionnements sur la destinée humaine.