Desclée de Brouwer, 2003, 222 p., 21 €.

Ce n'est pas en cherchant, et en obtenant, l'appui des autorités et de l'Empereur lui-même que Ricci a innové. C'est en se situant à l'intérieur même de la culture chinoise, un peu comme Paul dans son discours de l'Aréopage. En témoignent non seulement sa maîtrise exceptionnelle de la langue, l'adoption du mode de vie et des vêtements des lettrés, mais surtout son effort pour faire voir que la doctrine confucéenne, sa morale en particulier, anticipait et rejoignait la morale chrétienne.
Certes, en chemin, il a été un remarquable « passeur » interculturel, faisant connaître en Chine science et techniques européennes, et en Europe la culture chinoise.
Mais son vrai motif est ailleurs : annoncer Jésus Christ. Il l'a fait, prudemment, dans ses écrits, soucieux de ménager les étapes, de faire naître de l'intérieur un désir authentique. Il l'a fait plus explicitement dans ses contacts personnels pour lesquels il était exceptionnellement doué. Lui et ses compagnons jésuites ont vraiment jeté les bases de l'Église en Chine. Il lui avait donné sa vie ; Chinois parmi les Chinois, il obtint l'insigne privilège d'être enterré en Chine et son tombeau se voit encore aujourd'hui à Pékin dans un cimetière attenant aux jardins de l'École Nationale d'Administration.
Cette épopée, le P. Bésineau la retrace avec sobriété et précision, accompagnant Rica et ses confrères au cours de la « Longue Marche » qui les a menés de Macao et Zhaoqing à Pékin. Ainsi revit sous nos yeux cette personnalité exceptionnelle dont cependant, faute de documents, la vie intérieure nous reste voilée. Son œuvre parle pour lui