C’est une lectrice passionnée qui nous livre ici le fruit de sa « rencontre » avec celle dont « le mystère ne cesse de l’étonner ». En effet, depuis bien des années la théologienne et philosophe franco-québécoise, Thérèse Nadeau- Lacour, se confronte avec bonheur à l’écriture spirituelle et incarnée de la missionnaire ursuline récemment canonisée. Cet ouvrage est une trace inspirante de ce long compagnonnage. Nous saurons gré à Thérèse Nadeau- Lacour de brosser un portrait complet et juste de Marie de l’Incarnation. Dans une présentation chronologique de sa vie, Thérèse Nadeau-Lacour, révèle la profonde cohérence qui marque l’existence de la sainte. Marie est dite femme « mystique d’action ». Même s’il serait opportun d’expliciter ce que l’on entend par ces termes dont on qualifie certaines figures spirituelles, nous devons reconnaître que Thérèse Nadeau-Lacour honore ces deux dimensions. Elle montre justement à travers une lecture pertinente des écrits de l’ursuline, qu’action et mystique ne peuvent être séparées comme l’expression le laisse paradoxalement à croire.
Dans le respect de ce qui fait la force et la spécificité de Marie de l’Incarnation, l’auteur de ce livre souligne l’enracinement de l’ursuline dans son époque mais aussi la singularité de sa position. Cette singularité est puisée dans une relation vivante à Dieu. Marie parle la « langue » de son siècle mais elle la déborde aussi.
Par ailleurs, il faut souligner que Mme Nadeau-Lacour fait honneur à la riche et passionnante correspondance de Marie de l’Incarnation qui passe souvent (et à tort) au second plan quand il s’agit de faire entrer dans la dynamique spirituelle de l’ursuline. En effet, nombreux sont les ouvrages qui font la part belle au traité spirituel de Marie de l’Incarnation (la Relation de 1654) quand il s’agit d’analyser sa vie intérieure. C’est omettre que Marie a vécu sa foi et sa vie mystique dans une profonde union au monde et à ce qu’elle nomme elle-même le « tracas des affaires », et que la Correspondance est un témoin privilégié de cela.
 

Marie-caroline Bustarret