Trad. C. Chauvin et Y.-N. Lelouvier. Desclée de Brouwer, 2008, 270 p., 19 euros.

Un moine bénédictin et un conseiller d’entreprise rassemblent ici des conseils pleins de bon sens, assortis d’exercices pratiques, pour maintenir un climat humain dans la direction d’entreprise. La psychologie des organisations y fait résonner la sagesse de saint Benoît qui avait compris que l’économie, « l’organisation de la maison », était une dimension de la vie communautaire et que la vie spirituelle de tout un chacun – et pas simplement celle du Père cellérier chargé de l’économat – dépend aussi de l’environnement matériel. Chemin faisant sont convoquées les vertus cardinales (prudence, justice, force d’âme, tempérance) et les vertus théologales (foi, espérance, amour) sans lesquelles les valeurs porteuses de sens manqueraient à la bonne marche de l’entreprise.
Le lecteur épinglera quelques approximations, mais le message essentiel, digne du petit saint Placide, tient bon : nul ne peut diriger humainement autrui sans accepter d’être dirigé soi-même. Demeure la question principielle : ce respect de soi-même et des autres, aussi nécessaire soit-il au management, résume-t-il l’accompagnement spirituel ? Non. Car il y a une différence essentielle que l’ouvrage aurait gagné à mettre en lumière : le management a un objectif économique, et l’accompagnement spirituel ne préjuge pas de l’objectif que le discernement découvrira dans la liberté de l’Esprit.