Le sacrement de pénitence n'est pas au meilleur de sa forme, on en conviendra. Faut-il en conclure qu'il suffirait d'en changer la forme, d'en renouveler la mise en œuvre liturgique, pour qu'il retrouve la faveur des catholiques ? C'est ce qu'a pu laisser croire un moment la nouvelle pratique de ce qu'on a appelé les « célébrations pénitentielles avec absolution collective ». Le Rituel adopté il y a trente ans indiquait qu'« il est permis d'absoudre sacramentellement de façon collective des fidèles qui se sont confessés seulement de façon générale, mais qui ont été exhortés au repentir, s'il survient une grave nécessité, c'est-à-dire lorsque, vu le nombre des pénitents, il n'y a pas suffisamment de confesseurs à leur disposition pour entendre comme il le faut la confession de chacun dans les limites de temps convenables ».
La conjoncture supposée par ces nouvelles dispositions (trop de pénitents, pas assez de confesseurs) ne correspondait guère à la situation de l'Église de France. Certes, on s'inquiétait déjà de la diminution du nombre des prêtres, mais il fallait bien se rendre à l'évidence : la foule des pénitents qui, autrefois, aurait pu éventuellement justifier le recours à l'absolution collective, était en train de fondre au soleil de la sécularisation. L'instauration des célébrations communautaires de la pénitence avec absolution collective permit, par une sorte de détournement pastoral des textes officiels, de créer la « grave nécessité » invoquée par le Rituel pour mieux répondre à la nécessité, ô combien plus grave, de réconcilier le peuple chrétien avec un sacrement dont il était en train de perdre le goût, voire d'avouer le dégoût.
Et l'on peut considérer que cette nouvelle manière de célébrer le pardon, au cœur d'assemblées ferventes et recueillies, aura incontestablement ravivé chez les croyants la conscience d'appartenir à « une Église de pécheurs qui annonce la miséricorde de Dieu appelant à la conversion, et qui est engagée dans l'aventure humaine avec toutes ses dimensions collectives », selon le vœu du Rituel. Mais, il faut bien l'avouer, le succès massif que connut très rapidement cette nouvelle pratique relevait plus du symptôme que du renouveau véritable : de manière fulgurante venait d'éclater au grand jour le malaise d'une grande majorité de catholiques par rapport à l'aveu personnel des péchés, à la confession individuelle dont les évêques, au prix de certaines rétractations mal acceptées par les prêtres et les fidèles, ne manqueraient pas, par la suite, de rappeler que, depuis le concile de Trente, « elle demeure le seul mode ordinaire par lequel les fidèles qui ont péché gravement se réconcilient avec Dieu et avec l'Église ». Les limites drastiques qu'après une période d'engouement incontrôlé ils imposèrent dans l'usage de la confession et de l'absolution générales obligèrent les pasteurs à revisiter le Rituel et à en déployer les diverses possibilités.
Sans entrer ici dans le détail, on peut dire que la