Dans un monde très mobile et interconnecté, dont nous avons mesuré les traits, cette question tirée du livre de Job (Jb 28,12.20) n’a rien d’une accusation, comme si ce monde qui est le nôtre manquait cruellement de sagesse. Tout au long de leur histoire, les fils d’Israël ont cherché la sagesse, comme d’autres cultures autour d’eux, et comme la nôtre aujourd’hui. La Bible fait place à cette quête dans les Écrits, qui ne constituent pas moins d’un bon tiers de la littérature de l’Ancien Testament, et qui irriguent en profondeur l’intelligence du mystère du Christ dans le Nouveau. Alors que nous sommes confrontés aujourd’hui aux enjeux de l’interconnexion, qu’il s’agisse de notre rapport à la technique, de la manière dont les technologies de l’information et de la communication (TIC) font évoluer notre manière d’être en relation et de nous servir de notre intelligence et de notre esprit, la quête de la sagesse dans la Bible ne nous fournira pas des solutions « prêtes à porter », mais bien plutôt pourra nous guider sur les points où notre responsabilité humaine et croyante est appelée à s’exercer. Commençons par faire connaissance avec Dame Sagesse, avec un passage du Siracide (ou L’Ecclésiastique) ; puis voyons comment la Bible comprend le rapport entre sagesse et technique ; cherchons enfin quelle sagesse habite le Christ dont la mobilité est caractéristique.


« J'ai tout parcouru » (Siracide 24)


Voici l’un des textes où la sagesse est présentée comme une personne. Ici, d’ailleurs, c’est elle-même qui parle, qui se présente. Et elle commence par se dire « issue de la bouche du Très-Haut » (v. 3). De la bouche du Très-Haut sort tant sa parole que son souffle. La Sagesse est-elle comme la parole de Dieu, ou comme son souffle (son esprit) ? Les expressions qu’elle emploie : « vapeur recouvrant la terre » (v. 3b), « la tente dans les hauteurs » (v. 4a), « colonne de nuée » (v. 4b), font allusion à trois modes traditionnels de la présence de Dieu : dans le monde, au Sinaï, dans le désert. Ainsi, Dame