Qui veut savoir écrire les caractères chinois n'a qu'une méthode à sa disposition : s'emparer du stylo (ou du pinceau, en d'autres temps) et tracer sur la feuille vingt à quarante fois le caractère qu'il veut apprendre, en respectant l'ordre des traits qui le composent. Ce faisant, il ne l'aura pas encore retenu. Mais la mémoire propre à la main aura commencé à agir. Quand, voulant le réécrire, il s'apercevra l'avoir oublié, il le copiera de nouveau, probablement une dizaine de fois… jusqu'au jour où la main aura définitivement mémorisé le caractère, dès lors emmagasiné dans ce que Matteo Ricci appelait le « palais de mémoire » de qui lit et écrit le chinois.

Le lecteur, le scripteur, l'artiste

Il s'agit bien ici d'écrire. Pour reconnaître le caractère sans pour autant en mémoriser le tracé, la discipline est moindre. Celui qui l'aura simplement visualisé, comme on fait de l'icône régulièrement aperçue sur l'écran, ne saura pas (ou très vite ne saura plus) comment l'écrire. Oublier soudain comment tracer un caractère pourtant d'usage courant, voilà une petite mésaventure qui s'avère plus fréquente qu'autrefois, maintenant que l'ordinateur permet d'entrer le caractère par la frappe de sa romanisation ou par tout autre procédé qui épargne le recours à sa graphie manuelle.

Point de frontière entre l'apprentissage de l'écriture et l'art de la calligraphie. Tout comme ce fut le cas en Occident, l'écolier que l'on exerçait à