Est-ce que lire la vie d’un saint peut être apparenté à une lectio divina ?
Les deux mots latins de cette locution m’ont toujours semblé pleins d’énigme, deux mots singuliers qui vous saluent comme les anges venus visiter Sara au chêne de Mambré. Je sais à proprement parler que la lectio divina repose sur la fréquentation de la Parole. J’aime cet état de lecture, quand le texte ricoche dans mon coeur et mon imaginaire, et que le Christ y parle entre les lignes. J’ai même écrit à partir de cette ex­périence. Mais ce n’est pas ce dont je voudrais parler ici. C’est d’un autre type de lien, avec un texte particulier et qui m’accompagne depuis des années. C’est une sorte de lecture du coeur au long cours, elle invite à regarder qui regarde. C’est un homme, il lit, il ren­contre le Christ. On appelle cela une conversion.
Ça a débuté il y a longtemps.

Regarder qui regarde


Un jour, en retraite, on m’a donné Le Récit du pèlerin. J’avais vingt ans et la voix qui s’y levait sentait la pous­sière, ai-je pensé au départ. Pourtant, je me suis étonnamment prise au jeu du texte. J’ai même un souvenir aigu de cette première lecture. Il faisait un temps miraculeux en cette fin juin, à Versailles. J’étais entrée pour la pre­mière fois