Av. pr. H. Mottu. Trad. B. et J. Cottin. Labor et fides, 1998, 276 p., 160 F.

Dietrich Bonhoeffer a 37 ans quand il se fiance, le 13 janvier 1943, à Maria von Wedemeyer, âgée de 19 ans, après une attente d'un an demandée par la mère de la jeune fille II est alors engagé dans la résistance spirituelle au nazisme au sein de l'« Eglise confessante », mais aussi dans la résistance politique à l'intérieur du service du contre-espionnage de l'amiral Canaris. Il sera emprisonné quelques semaines plus tard et exécuté le 9 avril 1945. Durant la plus grande partie de son emprisonnement, il pourra recevoir quelques visites de sa fiancée, mais surtout échanger des lettres avec elle sous le contrôle de la censure militaire. Cette correspondance vient d'être traduite en français. Elle apporte un témoignage de première main sur l'entourage familial de Dietrich et Maria, la partie de l'aristocratie pmssienne profondément opposée au régime national-sodaliste
Apparemment, la théologie n'a guère de place dans des lettres d'amour, et d'ailleurs Maria dédare avec quelque malice qu'elle lui est « totalement incompréhensible ». Pourtant, ces lettres sont en résonance profonde avec les écrits de Bonhoeffer publiés sous le titre Résistance et soumission (Labor et fides, 1973). On y retrouve le même sens de la foi, et de son caractère profondément terrestte, et la même option pour un engagement de vie radical qui le font s'opposer à une autre tendance de l'Eglise confessante, le mouvement de Berneuchen, plus tourné vers le renouveau sacramentel et liturgique « Nous n'avons pas besoin de parler tout le temps des questions dernières, écrit-il à sa fiancée, Dieu n'est pas seulement dans le fondamental, mais aussi dans le quotidien. » Nous découvrons surtout dans ces pages une profondeur de sentiment et une haute spiritualité de l'amour.
Vivre la tension entte le désir et l'accomplissement, être l'un pour l'autire une bénédiction, refuser de parler complaisamment de la souffrance et non du bonheur de vivre, demeurer en étroite communion dans la prière et la lecture de la Bible, comprendre que noue coeur doit être la demeure du Christ sur la terre, cultiver la confiance, tels sont les souhaits et les préoccupations constantes des deux fiancés. Cette correspondance nous laisse voir la face la plus personnelle de celui qui fut un grand théologien et un martyr.