Migne, « Les Pères dans la foi », 2 002,319 p., 22,87 €.

Théolepte a été évêque de Philadelphie (en Asie Mineure) de 1283 à 1322. Évêque et quasi-gouverneur de sa cité, il fut tantôt bien en cour, tantôt en disgrâce. Mais sa vie ne se résume pas à ces combats politiques. Homme de Dieu, il lutte contre les arséniates, est très présent et influent au synode de Constantinople en 1297, qui s'interrogea sur la « procession » du Saint-Esprit. Saint Grégoire Palamas le reconnaît comme un de ses maîtres spirituels.
Cette direction spirituelle est ici exprimée dans toute sa limpidité, avec les conseils donnés pas à pas à la jeune princesse Eulogia. Veuve à 16 ans, Eulogia se retire du monde et fonde un couvent sur lequel Théolepte veillera attentivement. La tradition hésychaste imprègne ces conseils d'une pure lumière. Retrait du monde, coupure avec la famille, garde du coeur, prière incessante il s'agit d'être et de se garder parfaite, agréable à Dieu, tout en sachant que le but est hors de portée
Peut-on aujourd'hui, au supermarché des pratiques, suivre tel conseil sur le jeûne ou la fréquentation de l'église tout en se détournant de ce qui paraît tellement contraire à l'incarnation : l'obsession de séparer l'âme du monde et de la chair ? Mais la sévérité des propos est à tout moment tempérée par l'humanité du ton, le sens des concessions à faire pour progresser dans la vie communautaire et la charité chrétienne. Ce mélange de fermeté et de tendresse offre un beau visage de la direction spirituelle et une approche très concrète de la tradition hésychaste.