Aujourd'hui, Celui qui est lumière a pris le vêtement de nos ténèbres. Ainsi élevées, elles sont visibles. Cette exposition est-elle une recherche de vengeance ? Est-elle une accusation, ou le gibet où elles sont vaincues ? Dans ce combat de la lumière et des ténèbres, qui gagne sur la Croix ?

D'habitude, les ténèbres se cachent, n'aimant pas être découvertes pour ce qu'elles sont ; elles aiment faire penser qu'elles sont lumières, alors qu'elles ne sont que jugements, condamnations, mensonges. Les ténèbres jouissent d'elles-mêmes, drapées d'une apparence de dignité. Ici sur la Croix, elles sont mises à nues, dévoilées, et donc vaincues, car elles ne peuvent que déclencher la honte. Leur pouvoir de séduction et de jouissance s'est évanoui, désarmé par Celui qui n'a pas craint de les endosser et de les éclairer de l'intérieur.

Oui, sur la Croix, le monde et ses méchancetés sont jugés pour ce qu'ils sont – laideur, mensonge, dérision et mort –, pesés sur la balance de Celui qui fait la vérité en prouvant son amour jusqu'au bout. Sa bonté ne désespère pas devant le monde ; elle révèle les tromperies du monde, pour qu'elles perdent tout pouvoir, noyées dans Son regard qui croit en l'homme, en l'humanité ; un regard qui sauve le monde.

Laissons-nous être dévoilés et révélés par le Crucifié ; cette foi en Sa miséricorde donne lumière, vie, liberté. Il ne juge pas : il rend juste ; il aime à la folie. Suivons-le, invitons largement à Le suivre !

P.Bruno Régent, sj