La crise que traverse aujourd’hui la transmission de la foi dans une société qui perd ses références religieuses n’incite pas nécessairement à vouloir revenir aux modèles anciens. Elle provoquerait plutôt l’Église à se rappeler qu’elle n’est pas sans ressources pour « contribuer à l’invention de nouveaux arts de vivre ». Le synode de 2012 invitait à imaginer « une nouvelle manière d’être Église ». De nombreux théologiens et pasteurs n’avaient pas attendu le synode pour le faire. Dans ce livre, Henri-Jérôme Gagey, qui fut doyen de la Faculté de théologie de l’Institut catholique de Paris et participa activement à la rédaction de la Lettre aux catholiques de France, fait le bilan de quelques-unes de ces propositions afin de proposer des pistes de réflexion. Il choisit de mettre l’accent sur deux d’entre elles, le post-libéralisme américain (Stanley Hauerwas) et la « pastorale d’engendrement » (Philippe Bacq, Christoph Theobald). Sa critique porte davantage sur la première qui se veut en rupture à l’égard de la société et penche sensiblement du côté d’une posture communautariste. On le sent davantage en consonance avec la seconde. S’il est fort sensible à sa dimension d’accueil large, il reste pourtant critique face à ce qui lui semble une prise en compte insuffisante de la « forme ecclésiale de la foi ». La conclusion plaide pour une communauté confessante qui, à l’image des moines de Tibhirine, soit « en service d’humanité » : ouverture maximale à l’autre et ressourcement dans une tradition vivante.
 
François Euvé