L’auteur de cet article a pris part au synode pour l’Amazonie en sa qualité d’évêque de Guyane. Il livre son espoir que ce moment ecclésial fort porte des fruits de conversion pour l’Église tout entière. Il en nomme quatre.

L’expérience synodale a été pour moi beaucoup plus forte encore qu’au synode sur la parole de Dieu, en 2008. Ce synode sur la parole de Dieu avait été extrêmement consensuel. Il n’y avait pas vraiment eu de débat. L’assemblée, venant des quatre coins du monde, affichant une même vénération pour la Parole et un même désir de la mettre davantage au centre de la vie et de la mission de l’Église.

Une expérience ecclésiale forte

La première raison à ce sentiment de participer à un moment fort tient au fait que le synode pour l’Amazonie résume d’une manière étonnante les axes fondamentaux du pontificat de François :

– Mettre les périphéries au centre de la vie et de la mission de l’Église. Les représentants des peuples amérindiens et afro-américains (Qilombolas brésiliens, Bushinengués guyanais1) sont venus au cœur de Rome, au cœur de l’Église. Dans ma première intervention, j’ai demandé au pape qu’ils y restent toujours. Le matin du premier jour de travail, ils ont accompagné le Saint-Père depuis la confession de Pierre jusqu’à la salle du synode, dans une procession émouvante. Le père était au milieu de ses enfants les plus chers, comme Jésus sur les routes de Galilée.

– Assurer une suite concrète à l’encyclique Laudato sí (2015). Le synode fut un temps fort d’écoute tant de la clameur de la terre que de la clameur des pauvres2. Ces clameurs furent tonitruantes et la violence subie de part et d’autre nous atteignit directement, à de nombreuses reprises. Elle était plus forte venant des peuples autochtones, plus « évaluée » de la part des scientifiques mais dans une résonance profondément commune.

– Faire grandir la dimension synodale de la vie de l’Église. Le pape tient beaucoup à cette « synodalité », le meilleur antidote au