Un signe ne trompe pas pour mesurer le succès du développement personnel. Dans les secteurs de l’édition et de la librairie, bousculés par la crise de la lecture et la crise économique, un rayon échappe à la morosité : le développement personnel. Alors que les ventes en sciences humaines et en philosophie se sont effondrées ces vingt dernières années, les étagères traitant du développement personnel se sont étoffées, drainant un public de plus en plus nombreux et varié. S’y côtoient nombre de best-sellers, comme les ouvrages de Guy Corneau, Laurent Gounelle ou Thomas d’Ansembourg, dont le livre Cessez d’être gentil, soyez vrai s’est vendu à plus de… 500 000 exemplaires !

L’objet de cet article sera d’essayer de présenter cette galaxie aux planètes multiples et aux influences diverses. Peut-on distinguer de grands courants, des « manières de faire » et une pédagogie propre au développement personnel ? Quelle vision de l’homme véhicule-t-il ? Notons pour commencer que l’expression « développement personnel » n’est pas une « appellation d’origine contrôlée ». Pas de fondateur, ni d’instances, ni d’écoles, pour en garantir le contenu, d’où le caractère relativement hétéroclite des livres et des propositions de stages et de formations qui s’en revendiquent. Un point commun les réunit cependant. À la différence des psychothérapies destinées à aider les personnes en souffrance, le développement personnel s’adresse aux bien-portants, à des personnes dont le projet est de « vivre mieux ». Il se propose de les aider à réaliser leur « potentiel » (terme omniprésent) en accroissant leurs facultés psychiques, relationnelles et professionnelles. Cet objectif commun passera par plusieurs canaux : tel livre proposera de mieux maîtriser ses émotions, tel autre de dépasser ses peurs, d’autres encore de mieux communiquer avec son entourage ou de s’épanouir sans stress au travail… Alliant cette visée de mieux-être à un apprentissage passant par des exercices, les propositions de développement personnel concernent potentiellement toutes les dimensions de la vie personnelle : relations conjugales, parentales, professionnelles, intimité de la