Pour beaucoup d’entre nous aujourd’hui, la quête spirituelle est associée à un renouvellement d’intérêt pour les pratiques corporelles. Ayant l’impression que le christianisme occidental n’avait pas grand-chose à transmettre dans ce domaine, de nombreux croyants se sont tournés vers les traditions orientales non-chrétiennes, en particulier le yoga et le zen, pour en recevoir un enseignement sur la pratique de l’assise. Pour certains, cela a correspondu avec une prise de distance à l’égard du christianisme, mais pour d’autres le détour par ces disciplines les a aidés à retrouver la profondeur de leur enracinement chrétien.
Une telle situation pose une question grave à notre Église : comment se fait-il que des croyants qui aspiraient à développer leur vie intérieure témoignent si souvent de l’absence de réponse qu’ils ont trouvé dans leur milieu chrétien d’origine ? Est-ce la manifestation du fameux mépris chrétien à l’égard du corps ? Si celui-ci était prouvé, comment a-t-il pu se développer dans la religion de l’Incarnation ? N’est-ce pas au contraire, plus concrètement, le signe d’une rupture de tradition ? Il y a eu en effet un enseignement pratique sur la prière, et sur sa dimension corporelle, à différentes époques de l’histoire de l’Église, jusque vers la fin du XVIIe siècle. Or ce moment funeste pour la vie spirituelle a vu se tarir, après la condamnation du quiétisme, la vitalité mystique de l’Église d’Occident.
La redécouverte de notre patrimoine spirituel est un chantier immense et passionnant. Il ne s’agit pas de s’y engager pour pouvoir se passer de ce qui nous est venu d’Orient, mais pour retrouver nos racines, et découvrir des pratiques qui ont soutenu la vie de prière de générations de chrétiens. Si nous pouvons apprendre avec profit des méthodes venues d’autres cultures et d’autres religions, la comparaison de celles-ci avec l’enseignement transmis dans notre Église pourra nous aider à faire un discernement sur ce qui est particulier dans le rapport chrétien au corps, et dans l’intégration de celui-ci dans une démarche spirituelle. Avant d’entrer plus en détail dans l’examen de l’enseignement d’un jésuite du XVIIe siècle, soulignons d’emblée un point commun aux textes chrétiens de différentes époques qui traitent de la dimension corporelle de la prière : les chrétiens ne sont pas ignorants sur la question, mais ils ont une conception de la grâce qui les fait toujours placer le corps à la seconde place. On ne trouvera jamais chez les chrétiens de descriptions minutieuses de postures accompagnées — comme on trouve dans certains textes zen — de l’idée que celui qui a la bonne posture connaît l’illumination. L’absence de technique corporelle dans la prière chrétienne n’est pas due au fait que le corps est méprisé, mais au fait que la prière ne saurait s’identifier à une technique.
Une telle situation pose une question grave à notre Église : comment se fait-il que des croyants qui aspiraient à développer leur vie intérieure témoignent si souvent de l’absence de réponse qu’ils ont trouvé dans leur milieu chrétien d’origine ? Est-ce la manifestation du fameux mépris chrétien à l’égard du corps ? Si celui-ci était prouvé, comment a-t-il pu se développer dans la religion de l’Incarnation ? N’est-ce pas au contraire, plus concrètement, le signe d’une rupture de tradition ? Il y a eu en effet un enseignement pratique sur la prière, et sur sa dimension corporelle, à différentes époques de l’histoire de l’Église, jusque vers la fin du XVIIe siècle. Or ce moment funeste pour la vie spirituelle a vu se tarir, après la condamnation du quiétisme, la vitalité mystique de l’Église d’Occident.
La redécouverte de notre patrimoine spirituel est un chantier immense et passionnant. Il ne s’agit pas de s’y engager pour pouvoir se passer de ce qui nous est venu d’Orient, mais pour retrouver nos racines, et découvrir des pratiques qui ont soutenu la vie de prière de générations de chrétiens. Si nous pouvons apprendre avec profit des méthodes venues d’autres cultures et d’autres religions, la comparaison de celles-ci avec l’enseignement transmis dans notre Église pourra nous aider à faire un discernement sur ce qui est particulier dans le rapport chrétien au corps, et dans l’intégration de celui-ci dans une démarche spirituelle. Avant d’entrer plus en détail dans l’examen de l’enseignement d’un jésuite du XVIIe siècle, soulignons d’emblée un point commun aux textes chrétiens de différentes époques qui traitent de la dimension corporelle de la prière : les chrétiens ne sont pas ignorants sur la question, mais ils ont une conception de la grâce qui les fait toujours placer le corps à la seconde place. On ne trouvera jamais chez les chrétiens de descriptions minutieuses de postures accompagnées — comme on trouve dans certains textes zen — de l’idée que celui qui a la bonne posture connaît l’illumination. L’absence de technique corporelle dans la prière chrétienne n’est pas due au fait que le corps est méprisé, mais au fait que la prière ne saurait s’identifier à une technique.
L’articulation entre corps et esprit chez Guilloré
Moins célèbre que les P. Maunoir et Rigole...
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