Pandore
L'espoir, pour un philosophe grec, demeure ce qu'en dit le mythe de Pandore. Façonnée par Zeus, cette femme se vit offrir une boîte dans laquelle d'autres dieux avaient mis toute sorte de forces. Pandore ne devait surtout pas ouvrir cette boîte ; mais, le désir de curiosité l'emportant, elle ne put s'empêcher de défaire un tel cadeau. En un instant, tous les maux qui, dès lors, assaillent l'humanité (crimes et chagrins, maladies et tourments) en sortirent et prirent leur envol. Pandore ne parvint à retenir que l'espoir. Il demeure depuis l'unique réconfort d'une humanité condamnée à la détresse.
Ce mythe conduit à l'essentiel. Il nous dit une existence dans laquelle l'espoir est un baume, un narcotique, un opium en quelque sorte. En cela, ce récit nous introduit à toutes les philosophies grecques : Platon, Aristote, les stoïciens, les épicuriens. Toutes comprennent l'espoir comme une invitation à fuir le présent, à se laisser captiver par des rêvasseries d'un à-venir qui ne nous appartient pas, puisque nul ne connaît l'heure de sa mort. Toutes ces sagesses enseignent la valeur de la volonté, par opposition à la traîtresse des désirs, et à leur variante nommée espoir. En effet, je ne puis désirer que ce que je ne possède pas, je ne puis espérer être que ce que je ne suis pas. L'espoir dit mon attente, mon imperfection, ma finitude, ma limite. Espérer signifie attendre. Mais attendre quoi, attendre comment ? La philosophie ne nous enjoint pas de ne rien espérer, de ne rien attendre. Cela reviendrait à nous sommer de ne plus vivre. En un sens, l'espoir est inhérent à l'existence : toute vie s'accomplit au jour le jour, dans l'attente d'un futur plus ou moins lointain. Le sage ne refuse pas la pensée raisonnée du futur, mais les passions qu'elle peut entraîner. Marc Aurèle écrit par exemple : « Souviens-toi que chacun ne vit que dans l'instant présent, dans le moment ; le reste, c'est le passé ou un avenir incertain » 1. Réflexion s...
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