En Europe, nous sommes tous confrontés aujourd'hui à l'explosion du phénomène migratoire. On parle de 232 millions de personnes en situation de migration dans le monde. Notre avenir en sera inévitablement modifié : il sera multiethnique et multiculturel. Devant cette situation, notre réaction spontanée est sans doute de vouloir écarter la chose comme un fait marginal qui, finalement, ne nous concerne pas. Égoïsme inconscient de lui-même et surtout immense oubli des autres. Plus encore, il s'agit d'un immense oubli de notre propre condition humaine. La migration des populations est un phénomène aussi ancien que l'histoire des hommes. La population actuelle de l'Europe a été faite par le jeu complexe des migrations de groupes ethniques, toujours à la recherche d'un pays où il est plus facile de se nourrir et de vivre. Les temps récents, avec les deux guerres mondiales du XXsiècle, ont multiplié les « personnes déplacées », euphémisme pudique qui recouvre bien des souffrances. Nous vivons, depuis lors en Europe, dans des pays pacifiés, qui ont atteint un niveau de vie exceptionnel, et dont la situation économique est devenue une vitrine attirant inévitablement des populations entières.

L'exemple d'Israël et de Jésus
Israël en situation d'étranger : Exode et Exil

La Bible ne connaît pas les mots de « migrants » et de « migrations », mais elle connaît la chose au cœur de son histoire. Abraham, le héros fondateur du peuple hébreu, le premier païen à devenir Juif grâce à l'Alliance et à la circoncision, était à l'origine « un Araméen errant » (Dt 26,5) à qui Dieu avait demandé de « quitter son pays, la maison de son père, pour aller vers le pays que je t'indiquerai », pays d'une promesse bien mystérieuse (Gn 12,1). C'est ainsi que sa petite tribu arriva en Canaan d'abord, puis, en raison de la famine – déjà ! –, en Égypte. La lignée des patriarches – avec Isaac, Ésaü et Jacob – reconduit les douze fils de ce dernier en Égypte, après l'arrivée dans ce pays de Joseph vendu par ses frères. Les fils de Jacob y firent souche, mais ils y restèrent des étrangers. Ils y devinrent même proprement des esclaves. Après quatre cents ans de séjour en Égypte, Moïse sera celui qui conduira enfin le peuple à travers un long périple migratoire de quarante ans, un périple de lente purification semé de nombreuses épreuves proposées à sa foi, vers la « Terre promise », dans laquelle Moïse lui-même ne pourra entrer. Ce périple, dénommé « Exode » dans la Bible et qui est le titre du deuxième livre du Pentateuque ou de la Loi, a contribué à la formation du peuple de Dieu. Ce long pèlerinage nous révèle que la migration peut n'être pas un voyage sans but, mais qu'elle peut prendre sens, à partir du moment où elle entre dans les plans de Dieu.

Devenu le gérant de son propre pays, Israël n'a pas le droit d'oublier qu'il fut un étranger en Égypte. Non seulement il doit exercer l'hospitalité vis-à-vis des étrangers résidents, mais encore doit-il les aimer comme lui-même : « Cet émigré, installé chez vous, vous le traiterez comme un indigène, comme l'un de vous : tu l'aimeras comme toi-même ; car vous-mêmes avez été des étrangers dans le pays d'Égypte » (Lv 19,34). L'exil et l'hospitalité doivent aller de pair. Sans les secours de la seconde, l'exil devient facilement un enfer. Ce n'est pas sans raison que, depuis Abraham, accueillant les trois visiteurs célestes, jusqu'au Bon Samaritain de l'Évangile, prenant en charge le blessé laissé à demi-mort par les bandits, la Bible nous enseigne le grand devoir de l'hospitalité.

Après l'Exode, long pèlerinage lié à la fondation du peuple, Israël connaît l'épreuve de l'Exil en raison de ses infidélités. La royauté a été installée avec David et Salomon. Mais le royaume connaît une scission entre le Nord et le Sud. Le royaume de Juda au sud est finalement pris en 587 par Nabuchodonosor, qui emmène une partie de la population en déportation. Le peuple peut continuer sa vie communautaire, malgré des conditions de vie précaires et l'absence du Temple. En 538, sonne enfin l'heure de la liberté avec l'édit de Cyrus qui permet le retour à Jérusalem. Pour les plus croyants, la fin de l'Exil prend les allures d'un Nouvel Exode (Is 63,16). Une fois encore, Dieu sauve son peuple et lui donne la chance d'un nouveau départ spirituel. Israël doit toujours tenir compte des autres, soit par nécessité quand il a perdu son indépendance, soit par charité élémentaire quand il la recouvre. Dans la vie du peuple hébreu, l'Exil a joué le rôle d'une sévère épreuve, mais d'une épreuve positive qui le ramenait vers sa vocation.

Jésus, l'exil et les exilés

Le Nouveau Testament n'est pas en reste dans ses enseignements sur le voyage et le sort des exilés. Au départ, nous contemplons Jésus naissant au terme d'un long voyage, dans une mangeoire à Bethléem. Jésus inaugure ainsi une vie de « sans domicile fixe » (Mt 8,20). Jésus vit dans la dépendance de ceux qui veulent bien l'accueillir. Le groupe des femmes qui le suivent veille à son intendance. Il est à la fois celui qui prêche l'hospitalité et qui en vit. Il nous invite ainsi à honorer les pauvres (Lc 14,12-14). De la prédication des Béatitudes à la scène du Jugement dernier, Jésus s'identifie à tous ceux qui sont dans les besoins les plus élémentaires et aux marges de la société : « J'ai eu faim et vous m'avez donné à manger ; j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire ; j'étais un étranger et vous m'avez recueilli ; nu, et vous m'avez vêtu ; malade, et vous m'avez visité ; en prison, et vous êtes venus à moi » (Mt 25,35-36). Tout être qui est dans la nécessité, en particulier l'étranger expatrié, est une figure du Christ. Ce même Jésus périra sur une croix, mode d'exécution réservé aux esclaves, aux bandits ou aux apatrides, supplice qui a pour but d'enlever toute dignité au condamné dans l'acte de sa mort. Mort horrible et odieuse, qui est aussi une exclusion. Le genre de mort que Jésus assume est donc celui qui est réservé aux expatriés.

La manière de vivre des disciples de Jésus

Saint Paul, devenu disciple de Jésus, grâce à sa conversion spectaculaire sur le chemin de Damas, s'est engagé dans une vie itinérante sur tout le Bassin méditerranéen. Comme son maître et sur une échelle plus large que celui-ci, il fut un voyageur perpétuel, allant de ville en ville annoncer l'Évangile. Il ne voulait être à la charge de personne, travaillant de ses mains pour gagner son pain. Il a vécu « dans les dangers de mort, bien des fois […]. Fatigues et peines, veilles souvent ; faim et soif, jeûne souvent ; froid et dénuement : sans compter tout le reste […] » (2 Co 11,23-38). Mais le même saint Paul pouvait aussi dire aux Éphésiens : « Vous n'êtes plus des étrangers, ni des émigrés : vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la famille de Dieu » (Ep 2,19).

Les premières communautés chrétiennes vivaient dans la plus grande précarité. Qu'elles aient été situées en milieu juif ou païen, elles avaient à se faire accepter, alors qu'elles figuraient l'exception du « troisième genre », celui de populations bien difficiles à reconnaître dans une société construite sans elles. La persécution n'était jamais loin. Aussi ne se sentaient-elles jamais vraiment chez elles et vivaient comme des résidents provisoires. Cependant, leur hospitalité était exemplaire. Cette attitude était alimentée par la conviction qu'elles étaient en voyage vers la Patrie céleste, annoncée par Jésus comme toute proche en raison de son retour. Prenons en exemple la communauté de l'épître aux Hébreux, telle qu'elle est décrite avec finesse par Charles Perrot, qui ne fait que réassembler les expressions même de l'épître :

Les chrétiens constituent le peuple de Dieu en marche vers la patrie céleste à la suite de Jésus, le chef du salut (He 2,10). La communauté a déjà une histoire : elle est le peuple de Dieu (4,9), la postérité d'Abraham (2,16) et l'héritage de la promesse (6,17) […]. Elle connaît son chef et précurseur (6,19-20) qui, par la mort, lui a ouvert le chemin de sa pérégrination. Elle a eu ses témoins et martyrs (12,1) et a déjà subi la persécution (10,32). Maintenant encore, elle connaît la tentation comme le peuple du désert, déplore des défections et goûte à l'épreuve (2,18). Ce peuple de voyageurs (11,13 ; 13,9) et de réfugiés (6,18) n'a pas de cité permanente (13,14). […] Mais la fin et la malédiction vont bientôt venir (6,8). Alors le peuple atteindra le lieu de son repos (4,4.11), aura accès à la cité de Dieu (10,19 ; 12,22), au royaume inébranlable (12,28) et deviendra l'Église des premiers-nés (12, 23).1

L'Église terrestre est toujours en pèlerinage vers son unique patrie céleste. Elle ne peut s'installer nulle part ni considérer nulle cité humaine comme sa patrie. Cette pérégrination appartient à son essence et constitue son inconfort de base. Après deux mille ans de christianisme, ces considérations nous sont devenues bien étrangères, parce que la perspective de la Fin des temps, du retour du Christ et de l'avènement du Royaume définitif est sortie de notre univers mental, et peut-être aussi de notre vie de foi. Pourtant, toute l'Église primitive concentrait son attention sur l'attente du retour du Christ qui constituait le point focal de sa foi.

Que penser ? Que faire ?
Une conversion vers le but et la promesse de notre foi

La prière est accessible à tout le monde et à tout instant. L'étendue du drame contemporain des migrations appelle une prière instante, à la manière du psalmiste qui crie sa détresse devant Dieu. Au regard de cette détresse mondiale, nous ne pouvons que supplier la miséricorde divine de nous libérer de cet excès de souffrance, et de la rendre positive par un débordement de relations fraternelles. Il est normal que cette intention prenne toute sa place dans la vie spirituelle des fidèles, de manière privée comme par des célébrations communautaires, qui essaieront de donner sens à ce qui, au premier abord, en semble dépourvu.

Ce à quoi nous invite la grande crise migratoire actuelle, c'est à une véritable conversion du sens que nous avons de notre foi. Nous avons oublié que notre demeure ici-bas n'est qu'un passage, une réalité éminemment provisoire, quelque chose qui s'en va comme nos années, bref que nous sommes par condition humaine des « migrants ». L'allongement considérable de la vie humaine et les progrès immenses réalisés dans l'ordre de la science et de la technique nous bercent de l'illusion que cette évolution peut être indéfinie et que nous arriverons peut-être à une société où l'on ne mourra plus.

Créés par Dieu, nous sommes aussi créées pour Dieu, selon le message qui traverse toute la Bible et sera repris par saint Augustin : « Tu nous as faits orientés vers toi, et notre cœur est sans repos tant qu'il ne repose pas en toi. »2 Nous confessons dans notre Credo la seconde venue du Seigneur à la Fin des temps, son retour glorieux, cet avènement qui faisait l'objet de l'attente fervente des premiers chrétiens. Nous la confessons aussi à chaque célébration eucharistique quand, après avoir fait mémoire de sa Passion, de sa Résurrection et de son Ascension, nous disons « attendre son dernier avènement ». N'avons-nous pas exilé de nos préoccupations tout ce qui concerne les promesses de Dieu à notre égard, qui sont toujours au premier plan dans les enseignements de l'Évangile ? Le salut est la réalisation définitive d'une vie ici-bas « réussie ». Il nous est demandé tout simplement de marcher, dans la joie que nous procurent notre création et le salut que nous a donné le Christ, depuis cette vie temporelle et caduque, vers la vie définitive que Dieu veut partager avec nous.

La migration doit devenir désormais un « lieu théologique »

L'existence et le drame des migrants nous invitent donc à une révision sérieuse de notre manière de croire et de vivre notre foi, sur le plan de la pensée comme sur celui de l'action. Ne nous berçons pas de l'illusion que ce phénomène sera passager. Aucun mur ne pourra l'arrêter. Sa force est irrépressible. « L'émigration est pour eux une tentative de fuir le pire pour le meilleur, d'aller de leur faim à notre assiette. »3 Elle est en train de s'inscrire dans les mœurs de nos sociétés, par la faute de celles-ci. Sans doute pouvons-nous espérer que les guerres inexpiables qui affectent plusieurs pays du Proche-Orient connaîtront, plus ou moins rapidement, une pause et permettront aux réfugiés politiques de rentrer chez eux ; mais les désordres politiques et les exactions militaires qui nient l'exigence la plus élémentaire de la paix publique ne sont pas les seuls à provoquer une émigration de masse. Les exodes généralisés que nous connaissons ne sont que le symptôme d'une grave injustice qui affecte l'ensemble de l'ordre – ou du désordre – économique international. Derrière ce symptôme, il y a la crise dans laquelle toutes les nations du monde ont leur part de responsabilité, mais surtout les plus riches. « Globalisation et migrations vont ensemble et sont les jumelles indivisibles de notre monde »4, pouvait écrire l'archevêque d'Agrigente et de Lampedusa, placé, par sa situation géographique, aux avant-postes du problème. L'Europe est une vitrine d'abondance, largement illusoire, mais si proche, théoriquement accessible grâce au premier bateau venu. La différence de niveau de vie est telle, et pour une large part tellement injuste, qu'on ne peut en vouloir à ceux qui en sont aujourd'hui exclus de chercher une place du bon côté. Le phénomène qui s'est enclenché ne s'arrêtera pas : l'exemple est désormais donné. Paul VI comparait naguère la scène internationale à la parabole de Lazare et du mauvais riche, où les uns jouissent du superflu, tandis que les autres manquent cruellement du nécessaire. Aujourd'hui, nous faisons l'expérience des conséquences de cette même parabole : les pauvres ne restent plus chez eux, las d'attendre les bienfaits d'une justice internationale que les pays riches sont incapables d'établir. Ils émigrent au prix de risques extrêmes et s'invitent eux-mêmes à notre table. Tant que nous ne serons pas capables de leur donner de bonnes raisons de rester chez eux, il faudra inévitablement nous en occuper chez nous. Sinon, nous continuerons « à construire un monde sans l'autre », selon le mot très juste de ce même archevêque5. Le pape François nous a dit gravement : « L'Europe peut-elle continuer à se fermer sur elle-même, dans son bien-être, devant une Méditerranée en flammes et une Afrique subsaharienne à bout de souffle ? »6

De la parabole de Lazare et du mauvais riche, nous sommes donc renvoyés à celle du Bon Samaritain, celui qui, selon Jésus, a su se montrer le prochain du voyageur laissé sur la route à demi-mort. Jésus refusait d'avance la casuistique de celui qui lui demandait : « Qui est mon prochain ? » Aujourd'hui, d'ailleurs, la facilité des moyens de communication et celle de la mobilité des peuples à grande échelle ne permettent plus de dire que ces gens sont trop éloignés de nous pour prétendre être notre prochain. C'est notre tâche de nous montrer le prochain de tous ces émigrés. Pas plus que nos aînés dans la foi qui réalisaient la chose dans leur région, nous ne pouvons échapper à cette exigence devenue mondiale. Nous avons tous la vocation de devenir des Bons Samaritains. Tel est le nouveau « lieu théologique » qui nous est imposé.

« J'étais étranger et vous m'avez visité »

Les questions de fond, qui requièrent l'intervention des États et la concertation internationale, nous dépassent infiniment. Elles posent des problèmes redoutables pour être réalisées avec justice et prudence, dans le respect égal des émigrés et de ceux qui les accueillent. Nous savons que l'émigration peut engendrer de graves maléfices comme des affrontements violents et même des guerres. L'entreprise en cause doit considérer à la fois le court terme, avec l'urgence de ceux qui souffrent, et le long terme avec les équilibres nouveaux à trouver. Il est incontestable que l'identité culturelle des peuples qui accueillent en sera affectée. Cela demande une grande ouverture et une souplesse pacifique, afin que la situation nouvelle en soit enrichie ; mais aussi une grande vigilance, afin d'éviter les affrontements, les abus et les dérapages. On voudrait que les pauvres soient des saints, ce qui n'est évidemment pas le cas. Les pays d'accueil ne le sont pas non plus d'ailleurs, comme le montre notre égoïsme spontané. Il s'agit d'orientations et de décisions politiques à grande échelle et sur de longues périodes. Mais, dans des sociétés démocratiques, ces décisions requièrent la participation de toute la société. Nous sommes des électeurs et nous avons notre mot à dire dans les grands choix de société. Nous avons, en ce domaine, la responsabilité de tout citoyen. Nous appartenons à l'opinion publique et nous savons combien celle-ci, par sa résistance, peut enterrer et rendre impossibles de nombreuses initiatives. L'opinion publique est pécheresse, elle est aussi très souvent égoïste. Mais la même opinion publique peut aussi se révéler très généreuse, comme on le voit à l'occasion des grandes catastrophes, naturelles comme humaines.

Mais l'action publique, pour nécessaire qu'elle soit, est loin d'être la seule. Il y a aussi tout le domaine immense des initiatives privées et des micro-initiatives. La première et la plus importante concerne l'acceptation de la rencontre. Suivant notre habitat, notre profession, notre réseau de relations, nous nous trouvons dans des situations très différentes. Les uns ne rencontrent presque jamais d'immigrés ; les autres portent la charge de leur présence de manière particulièrement lourde. Mais tous ont le devoir de s'ouvrir, dans la mesure du possible, à la rencontre amicale et fraternelle qui a le don de faire tomber les barrières et de découvrir des personnalités nouvelles, au parcours douloureux mais aussi passionnant. Ces rencontres sont faciles à éviter, au risque d'engendrer méfiance et hostilité. Elles peuvent aussi être le point de départ de services rendus qui amorcent un premier vivre-ensemble. Les services matériels sont innombrables. Tant de choses sont possibles dans l'exercice de la solidarité évoquée par la scène du Jugement dernier : « J'étais étranger et vous m'avez visité » (Mt 25,35). L'Évangile est à notre porte. L'humanité est notre propre famille. Chacun de ses membres demande à être traité comme un enfant de la famille.

1 Ch. Perrot, Le ministère et les ministères dans le Nouveau Testament, Seuil, 1974, p. 119, sur l'épître aux Hébreux.
2 Augustin d'Hippone, Les confessions, I, I, 1, trad. Eugène Tréhorel et Guillhem Bouissou, « Bibliothèque augustinienne », n° 13, p. 273.
3 Mgr Francesco Montenegro, « La migration comme lieu théologique », Unité des chrétiens, n° 183, juillet 2016, p. 6.
4 Ibid.
5 Ibid., p.7.
6 Ibid.