Les larmes du Kosovo, Préf. P. Morillon. Cerf, coll. « L'histoire à vif », 2001, 119 p., 80 F.
L'innocence des victimes, Desclée de Brouwer, 2001, 158 p., 98 F.



Officier bon et généreux, Georges Neyrac est en mission au Kosovo pour instaurer la paix entre Serbes et Albanais. Il s'aperçoit vite que cette « paix » est tronquée, et découvre avec horreur et stupéfaction la haine totale et sans merci, qui utilise tout et ne respecte rien, surtout les petits, les faibles, les désemparés. La guerre, la vraie, la rampante, la souterraine, continue et détruit tous les efforts.
Sans complaisance, avec simplicité, en chrétien déchiré rempli de pitié, l'auteur livre ces faits de vie, sa réflexion spirituelle, sa prière. Ces esquisses, nimbées d'une poésie discrète, émeuvent par leur dépouillement, leur compassion, et le désir ardent de témoigner de la foi.
L'essai pathétique d'Yves Ternon porte sur la criminalité de l'Etat, criminalité spécifique au XIX siècle. Deux éléments caractérisent les meurtres collectifs : la victime, innocente et impuissante à modifier son sort, est froidement tuée en raison de son appartenance à un groupe précis. La quête première de l'auteur est de transmettre, tout en sachant qu'à chaque passage de témoin la mémoire s'épuise, mais il cherche également à comprendre comment l'inconcevable a pu se produire. Avec une écriture venue du coeur, une recherche aussi exhaustive que rigoureuse, Yves Ternon tente de restituer à ces martyrs leur innocence dérobée par le bourreau qui en retourne le sens.
Europe, Afrique ou Amérique du sud, Juifs, malades mentaux, Tsiganes ou enfants..., l'effroyable litanie s'égrène, impitoyable. Elle fauche notre quiétude, nous interroge et nous bouleverse. L'ultime chance de salut pour l'humanité est qu'elle reste inoubliable, parce qu'elle ne peut qu'éveiller une horreur extrême nous transperçant jusqu'aux tréfonds.