" J’ai senti que cette demande "tombait du ciel" ! Nous ne l'avions pas provoquée. Elle était de leur unique initiative ! », me raconte Françoise xavière, lorsqu'elle évoque la demande de certaines laïques de participer au charisme de la Xavière. En fait, nous commencions une aventure dans laquelle beaucoup d'autres congrégations étaient engagées depuis longtemps.
Depuis plusieurs années, des laïcs cheminaient avec des xavières au sein d'une association de fidèles liée à l’œuvre des Dames du Calvaire, à la Maison médicale Jeanne Garnier (maison de soins palliatifs) à Paris. Lorsqu'en juin 1994 ce groupe s'est arrêté, deux laïques qui en faisaient partie ont demandé à poursuivre ces rencontres, mais « autrement ». Elles ont exprimé nettement que ce n'était pas l’œuvre des Dames du Calvaire qui les intéressait, mais les xavières, leur spiritualité et leur manière de vivre l'Évangile et la mission, car elles se sentaient en affinité avec elles. Un petit groupe de recherche s'est alors constitué, composé de trois xavières et de trois laïques, pour peu à peu approfondir les accents de la spiritualité de la congrégation.

Un désir de compagnonnage


Était-ce nouveau dans l'histoire de la Xavière ? Lorsque la fondatrice, Claire Monestès (1880-1939), a créé, en 1928, des « agrégées », ce n'était pas, semble-t-il, une intuition que l'on pourrait appeler « prophétique », mais simplement la prise en compte de la réalité du moment. Des jeunes femmes souhaitaient être xavières avec elle. Mais, dans le contexte de l’entre-deux-guerres, quitter leurs responsabilités (familiales, professionnelles, apostoliques) comme le requérait alors la vie religieuse a paru d'un tel enjeu qu'il ne semblait pas opportun de le faire Leur projet était « religieux » et la formule canonique des instituts séculiers 1 n'existait pas encore. Tout autre est aujourd'hui le désir de laïcs, engagés dans une vie conjugale, des responsabilités familiales, une profession, un quartier, une région, de participer, comme on le voit maintenant, au charisme d'une congrégation.
Réciproquement, pour les congrégations religieuses, ce désir de compagnonnage avec des laïcs s'est accentué depuis Vatican II. En ce qui nous concerne, dans les années 1970, notre supérieure générale avait ainsi proposé à un ou deux couples amis une démarche de plus grande proximité avec la congrégation, mais, finalement, ce petit groupe n'avait pas poursuivi sa route vers une association. Un peu plus tard, une commission préparatoire au chapitre de 1987 s'était réunie pour envisager le partage de notre charisme avec des laïcs et des prêtres, mais il n'y avait pas eu de texte proposé. Pourtant, la supérieure générale d'alors, convaincue que notre charisme pouvait se vivre avec des laïcs, demanda aux xavières d'être attentives à entendre le désir des laïcs voulant partager plus profondément avec nous ; mais, là encore, il n'y eut pas de suite, jusqu'à ce que deux femmes, mari...
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