Il s'agit d'un ouvrage d'Yves Raguin (1912-1998) intitulé Les déserts de Dieu (suivi de L'attente de la vision)  édité par les bons soins d'Yves Roullière et Michel Masson et préfacé par Benoît Vermander. C'est un livre au style ample et incisif, à la fois très humain et très spirituel. Il peut nous amener à mieux comprendre de l'intérieur les dépouillements et les épreuves nécessaires à une plus profonde et plus universelle participation et union à la vie de Dieu selon une science expérimentale  qui fait droit à toutes les dimensions de l'Incarnation. Sans ésotérisme, mais avec une finesse et une lucidité marquée par l'altérité des sagesses de  l'Extrême-Orient et un enracinement au cœur de la mystique chrétienne, (un alliage heureux entre celle de saint-Ignace et  celle de saint-Jean de La Croix), Yves Raguin trace des pistes, ouvre des portes, multiplie les suggestions qui aideront plus d'un lecteur à chercher et trouver Dieu en toutes choses .

« […] mon être, même dans la possession la plus intime de Dieu, a toujours soif de lui. Ainsi est l'amour : plus il possède, plus il aspire à une possession encore plus intime. Or, je sais que mon Dieu est plus grand, plus haut, plus profond, plus saint, plus éternel que tout ce que j'en sais.
Dans une possession qui me comblera toujours, j'avancerai vers une possession qui me comblera toujours, toujours plus. Uni à Dieu au plus intime de mon être, tenu par lui au cœur de moi-même, aimé comme jamais être n'aura été aimé, jamais je ne pourrai dire : « J'ai atteint le but. Pourtant, je saurais que j'y suis...
Dans cette éternité, c'est Dieu qui m'emporte aux profondeurs de son être et me découvre son amour. Merveilleuse éternité et combien différente de cette caricature d'éternité qu'on présente trop souvent, éternité où l'on devient un saint de plâtre placé dans une niche du paradis pour y rester toujours perdu dans un spectacle perpétuel.
Jean nous dit que nous serons semblables à Dieu parce que nous le verrons tel qu'Il est.Nous le verrons tel qu'Il est dès que nous aurons « passé » le seuil de la vision béatifique – et pourtant il nous faudra toute l'éternité pour le découvrir. C'est pourquoi nous pouvons dire que nous serons entraînés dans les vertigineux « espaces » intérieurs de l'Etre divin... Allant toujours plus avant dans la découverte de son Etre.
Nous ne serons pas emportés comme spectateurs, mais pris dans le mouvement même de la vie divine, et c'est en cela que consistera notre découverte de ce Dieu que nous connaitrons dès qu'il nous aura admis à Le voir face à face. »

Dans l'attente de la vision  in    Les déserts de Dieu, Yves Raguin coll.Christus/Lessius, pp.260-261