Éditions Facultés Jésuites de Paris, 2009, 204p., 16 euros.

Responsable du département « Spiritualité et vie religieuse » au Centre Sèvres (Paris) et membre de l’Équipe du Centre spirituel Manrèse (Clamart), Sylvie Robert a le souci d’articuler théologie et vie spirituelle. Ici, elle pro­pose une présentation à la fois didactique et personnellement motivée du chemin spirituel que chacun peut suivre à l’école d’Ignace de Loyola.
La tradition ignatienne s’est déployée en diverses dimensions à travers les siècles. Sylvie Robert repart d’Ignace lui-même, le pèlerin. À partir de son expérience relatée dans le Récit, chacun est invité à faire la sienne propre dans les Exercices. En s’appuyant sur quelques échantillons significatifs, et aussi sur d’autres textes des origines, les Constitutions et les Lettres, l’auteur trace clairement l’axe principal de cette expérience, et souligne la logique interne qui en sous-tend le déroulement : se laisser conduire par « le mouvement même de Dieu vers le monde » ; entrer en discernement guidé par les Règles prévues à cet effet ; se décider « en alliance avec Dieu » afin de « vivre uni à Dieu au coeur de ce monde ».
La présentation de ce riche ensemble reste brève et claire. Plusieurs pas­sages des Exercices sont analysés et expliqués : le « Principe et fondement », la « Méditation des trois hommes », les modes d’Élection. Deux textes ressortent particulièrement : 1. Les grandes visions de Manrèse, appelées « les cinq piliers de la spiritualité ignatienne », car là se laisse reconnaître « le mouvement même de Dieu Trinité » vers le monde des hommes, que chacun est invité à rejoindre ; 2. Dans les Exercices, la « Contemplation pour parvenir à l’amour » qui introduit clairement à l’union à Dieu au coeur du monde, et souligne le repère principal à partir duquel tout s’ordonne : « L’amour descend d’en haut […] comme du soleil descendent les rayons, de la source les eaux… » À chacun donc de l’accueillir et de s’y accorder jusque « dans la disposition de sa vie ».
Si des textes importants des Exercices (par exemple, le « Règne » et les « Deux Étendards ») ne sont pas ici commentés pour mettre en évidence cet axe principal, on notera avec intérêt, cependant, la citation d’un texte de Pierre Favre sur le rapport à Dieu et le rapport aux créatures, ainsi que la réflexion qui suit sur l’importance des médiations humaines pour vivre l’union à Dieu « en toutes choses ».
Cet ouvrage convient davantage à ceux et celles qui désirent approfondir théologiquement ce qu’ils ont vécu, et relire leur expérience avec quelques clés d’interprétation. Ajoutons que l’axe principal ainsi nettement dégagé ne saurait empêcher le pluriel des chemins de Dieu dont parle le titre. Même avec une carte bien faite, un pèlerin doit rester ouvert à l’inattendu de sa route.