Presses de la Renaissance, 2001,378 p., 22,70 €.
 
L'économiste Jacques Bichot, célèbre pour ses études sur la protection sociale, se joint ici à Denis Lensel, journaliste inspiré, pour une défense et illustration de la notion de structures de péché.
Une lecture rapide laisserait croire qu'il s'agit simplement d'une nouvelle et vigoureuse condamnation des dérives de notre société urbaine. Certes, une large place y est faite à l'analyse du sous-développement, de la corruption, de la violence liée à la drogue et au sexisme. Mais l'enjeu moral est plus profond. Il vise à mettre au jour, derrière les phénomènes de société, les solidarités dans la perversion. Solidarités qui, à la manière des réseaux de communication, s'élargissent et se renforcent d'autant qu'elles sont davantage pratiquées. D'où le titre : Les autoroutes du mal. Le salut est alors entrevu dans la solidarité inverse, solidarité dans le bien où chacun — et c'est la principale force du livre — retrouve à son niveau la dimension sociale de sa responsabilité.
Chemin faisant, l'objectivité des valeurs morales est resituée dans leur émergence historique. Quant au péché, il est identifié à l'immoralisme. Ce n'est pas faux, mais cela s'avère insuffisant pour honorer la prétention de fonder « scientifiquement » la notion de structure de péché. La généalogie de cette notion dans les textes du pape Jean- Paul II est bien présentée, mais une élaboration théologique du concept reste à faire. Le travail est possible, voire nécessaire, si l'on veut éviter de tomber dans le moralisme.