Depuis le début de son pontificat, et dès les congrégations générales préparatoires au conclave, le pape François appelle l'Église à sortir d'elle-même pour aller vers les périphéries :

L'Église est appelée à sortir d'elle-même pour aller jusqu'aux périphéries, pas seulement les périphéries géographiques, mais aussi les périphéries existentielles : là où réside le mystère du péché, de la douleur, des injustices, de l'ignorance et du mépris du religieux et de la pensée, là où résident toutes les misères.1
 

Aller vers les périphéries : comment comprendre cette expression ? Il s'agit, dans un premier sens, d'un mouvement de sortie géographique : pour aller du cœur des villes vers les périphéries urbaines, pour aller des peuples vivant l'opulence vers les peuples connaissant la misère, la guerre, l'injustice institutionnalisée, pour aller des milieux sociaux mis au sommet de nos sociétés vers ces populations comptées pour rien aux yeux de ce monde. Le pape précise qu'il s'agit aussi des périphéries existentielles, humaines (Evangelii Gaudium, 46), des lieux où se concentre ce qui déshumanise l'être humain. Par cet appel à aller vers les périphéries, le pape François appelle l'Église à « sortir » : à sortir de sa conscience isolée (EG, 8), de son confort (EG, 20), de ses sécurités (EG, 49), de sa préoccupation d'être le centre (EG, 49), bref, à cesser d'être autocentrée, « autoréférentielle ». L'enjeu est dès lors de mettre les périphéries, les pauvres, « au centre du cheminement de l'Église », d'aller vers eux pour être témoins auprès d'eux de la joie de l'Évangile qui déborde de nos cœurs par la rencontre du Christ et pour « accueillir la mystérieuse sagesse que Dieu veut nous communiquer à travers eux » (EG, 198). La conséquence de ce mouvement de sortie est une radicale réforme ecclésiale qui