Desclée de Brouwer, 2011, 242 p., 19 €.

La photo en page de couverture, beau visage d’une blonde attentive face à un personnage dont on ne voit, de dos, qu’une partie de la chevelure couleur gris châtain, pourrait laisser penser que le soin, c’est-à-dire tout ce qui déborde et englobe les techniques thérapeutiques, est, sinon réservé, du moins mieux servi par les femmes. Il n’en est rien. Le grand mérite de l’auteur, praticien des hôpitaux, est de montrer que le soin mobilise tous les niveaux des services de santé, et ne se réduit pas au colloque singulier entre le soignant et le malade. Les deux premières parties de l’ouvrage décrivent un panorama de l’évolution des techniques et de l’organisation médicale qui accompagnent l’humanité moderne dans sa quête de la santé. La troisième partie, plus originale, s’intéresse aux conditions spirituelles de la pratique soignante. L’auteur passe en revue les pensées récentes, chrétiennes ou non, qui tentent de placer la transcendance du sens au coeur même d’une démarche d’humanisation : Christian Bobin, Denis Vasse, Paul Ricoeur, Agata Zielinski, mais aussi Albert Jacquard, Luc Ferry, André Comte-Sponville… Ce kaléidoscope laisse le lecteur sur sa faim. Car l’auteur a tendance à réduire la spiritualité aux valeurs de gratuité, d’accueil et d’intériorité. Même s’il voit bien que la spiritualité n’est pas une dimension parmi d’autres, mais relève de la nature même de l’être humain, qu’elle est une affaire d’unification de soi-même, il semble oublier que cette unification passe par la vulnérabilité dans l’attention à l’autre. Or il ne peut exister de relations humanisantes sans que soit partagée cette part de négativité en quête d’accomplissement.