Fayard/Quart Monde, 2001,196 p., 10 €.

Voici la relecture assez étonnante d'une expérience unifiée par l'espérance. Depuis le camp de Ravensbruck, où elle fut internée durant la guerre pour faits de résistance, jusqu'aux contradictions politico-administratives de la récente loi d'orientation relative à la cohésion sociale, en passant par l'expérience hallucinante du bidonville immonde de Noisy-le-Grand, d'où est né en 1957, sous l'impulsion de l'abbé Joseph Wresinski, le Groupe d'action devenu, en 1961, Aide à Toute Détresse, puis, en 1977, ATD Quart Monde, dans tous ces combats en faveur de la dignité humaine pour tous, l'espérance a jaillie
Le vocabulaire est celui de l'humanisme républicain. Comme l'abbé Wresinski, Geneviève de Gaulle-Anthonioz parle spontanément de droits de l'homme, de respect des familles, d'égalité des citoyens, et surtout de dignité, avec une rigueur et une exigence qui doit tout à la tradition chrétienne. En témoignent trois insistances. D'abord la prise en compte du plus petit. Non seulement du pauvre en général, mais de celui qu'un itinéraire invraisemblable conduit à échapper aux grilles administratives. Ensuite, la responsabilité de chacun, en premier lieu dans ses liens familiaux ; avec pour corollaire le refus de certaines procédures administratives, qui, ne connaissant que des individus, ignorent les liens humanisant les plus élémentaires. Enfin, dans les circonstances les plus contraires, dans les perspectives les plus nettement bouchées, la force de trouver une voie de compromis qui permet d'avancer là où, menace la tentation du désespoir.