L'Église est comme une communauté dont les membres renoncent à se constituer en tribu pour apprendre ensemble à recevoir toute personne comme un frère et une sœur à servir. Elle accueille toute chose bonne comme un don gracieux sur lequel veiller, sans jamais l'accaparer ou le détruire. Elle forme à prendre ses responsabilités personnelles et collectives à l'égard du réel par l'accueil du salut divin offert en Jésus Christ mort et ressuscité. Elle donne sa forme à un peuple en marche, ouvert à la rencontre par (dia) le Logos, venu dans l'humanité pour en prendre soin et la conduire à son bonheur. En son sein, les uns et les autres s'accompagnent par l'écoute de la Parole au sein d'une vie animée par l'Esprit.

La Création et la Rédemption adviennent sous un mode relationnel et dia-logal, comme l'est la vie trinitaire, leur source et leur réalisation. Le peuple, qui entre de façon délibérée dans ce mouvement trinitaire, ne peut être lui-même que s'il se laisse former dans toute sa vie, ses structures et sa dynamique, par la puissance du « jeu » dialogal. À défaut, l'Église rencontre des obstacles, barrières et orientations qui handicapent sa marche, la font trébucher, l'égarent, la font revenir en arrière.

Le dynamisme dialogal, comme vocation et réalisation de toute existence humaine et de toute communauté, est un travail de longue haleine, qui advient par étapes au cours de l'histoire de l'humanité, parmi lesquelles le développement de la conscience de l'histoire et de nos capacités à produire l'horreur tient une place décisive. L'Église, accompagnée par l'Esprit, vit cette prise de conscience progressive de façon définitive – et ce, quels que soient les aléas et les soubresauts de notre temps. Elle est positive, affirmative et délibérée, depuis