LAnnée de la vie consacrée aura-t-elle permis les mises au point et les avancées qu’elle donnait d’espérer, ou s’est-elle achevée sur le bilan d’un effort communicationnel intense, mais limité à l’usage interne ? Que restera-t-il des portes ouvertes et campagnes de presse, si les questions pendantes depuis Vatican II et, en tout cas, l’exhortation postsynodale Vita consecrata, n’ont pas été affrontées dans leur complexité ? Vatican II est le premier des Conciles à avoir offert, au-delà des habituelles questions disciplinaires, une théologie de la vie religieuse qui l’insère au coeur de l’Église (Lumen gentium) et la rapporte à l’amour du Christ (Perfectae caritatis), tout en l’envoyant en mission (Ad gentes), en référence à la charge des évêques (Christus Dominus). Comment donc a-t-on pu, cinquante ans après, aboutir, en Occident du moins, à ce que d’aucuns nomment « une apocalypse numérique » [1]? Bien entendu, « la crise des vocations que traversent la plupart des communautés n’est pas une crise qui est propre à la vie religieuse, mais une crise d’Église. Et la crise que connaît l’Église ne lui est pas propre, c’est une crise de société » [2]. Mais par ailleurs, « reformater » la vie consacrée, c’est aussi permettre la réforme de l’Église, et c’est semble-t-il ce que le pape François a eu en vue quand il a pressé les consacrés de se mettre en mouvement. Les lignes qui suivent veulent s’inscrire, tel l’examen de conscience ignatien, dans la méditation d’une grâce, que les coups de boutoir venus de Rome devraient permettre de mieux manifester.
 

Témoignage et affichage


L’image de la vie consacrée s’est largement ternie, dans l’après- Concile, d’abord en raison des nombreux départs et désaffections, plus ou moins médiatisés, de religieux parfois célèbres (dom Bernard Besret, soeur Sourire…). Il y a longtemps que la littérature, relayée aujourd’hui par les médias, perçoit la