Je tire mon titre d'un poème de George Herbert, intitulé « Prière » :
Prière Banquet des Églises, âge des Anges,
Respir de Dieu en l'homme vers sa naissance,
Paraphrase de l'âme, pèlerinage du cœur,
Sonde chrétienne transperçant ciel et terre,
Cloches ouïes derrière les étoiles, sang de l'âme,
Terre d'aromates ; chose enfin comprise » 1
Je suggère que « le cœur en pèlerinage » dit le sens profond des pèlerinages chrétiens, quelle que soit leur forme, et que ce sens intérieur est aussi un élément unificateur de la vie humaine. Il est vrai que l'Oxford Dictionary of the Christian Church n'a pas cette haute définition des pèlerinages : ce sont des randonnées parfois intéressées, des « voyages aux lieux saints entrepris par dévotion pour obtenir le secours céleste, ou pour faire acte de pénitence ou d'action de grâce ». Tels étaient de fait les premiers motifs des plus fameux de tous les pèlerins dans les Contes de Canterbury de Chaucer, et telle est l'image qui vient à l'esprit quand on en parle Le pèlerinage était une joyeuse randonnée, en bonne compagnie, vers un lieu déterminé, en vue d'une récompense et pour un temps limité jusqu'au retour chez soi. Mais, même au temps de Chaucer, on mettait en cause la version touristique du pèlerinage. Langland, par exemple, à qui Erasme fera écho, jugeait sévèrement ces pèlerins habiles et bavards, et optait pour une autre sorte de pèlerinage : « Je promets sur la route sainte de Lucques de consacrer tout le reste de ma vie au culte de la Vérité (...), et je veux être son pèlerin, en suivant le sillon des pauvres. »
Pèlerinage intérieur et pèlerinage extérieur ne sont pas...
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