Il est difficile de parler du péché. Mais, à ne pas l’évoquer, on court le risque de ne plus parler du cœur de la foi chrétienne, du salut. Relire le parcours des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola, sous cet angle du péché, peut aider l’intelligence de la foi et sa pédagogie.

Le principe et fondement (Exercices spirituels, 23), porche d’entrée du parcours, fixe un cadre général à la démarche. S’il n’est pas nécessaire d’avoir intériorisé tout son contenu pour avancer – le retraitant découvrira, au fur et à mesure, combien ce Fondement a des implications profondes –, il donne cependant quelques clés sans lesquelles il est difficile d’aborder la première semaine et donc le péché comme tel.

Le « Principe et fondement »

Parmi ces préalables, on peut noter l’importance d’avoir une image positive de Dieu. Comme Créateur et Rédempteur, il veut l’homme vivant : que celui-ci bénisse son existence, sa liberté ; qu’il respecte les autres et la création ; qu’il soit au service de la vie et de la justice. Si le retraitant pense que Dieu est un juge sévère et redoutable, s’il n’est pas traversé par un désir d’accueil de son existence pour qu’elle serve à d’autres, alors aborder le péché ne fera que l’enfoncer dans une mésestime de lui-même, dans la culpabilité et la peur.

Sur cette toile de fond où se fait entendre, de la bouche de Dieu : « Tu as du prix à mes yeux », il apparaît au retraitant que son usage des choses, ses relations, sa manière de vivre, ne sont pas purement ordonnés au respect, au service et à la bénédiction. Il a des attachements qui le détournent de ce pour quoi il est créé. Il en vient à désirer « ordonner sa vie sans se décider par quelque attachement qui serait désordonné » (Ex. sp., 21).

Ignace met tout de suite en place des « examens », particulier et général (Ex. sp., 32-43). Le désir de mettre de l’ordre dans son existence doit être concret et humble, il n’est pas une simple velléité. Ces modestes examens permettent de vérifier que les principes énoncés sont acceptés. Ainsi l’examen général proposé (Ex. sp., 43) commence par un dialogue avec Dieu, notre Seigneur, autour des bienfaits reçus dans son existence ; vient ensuite le désir de