Le Corridor bleu, 2006, 184 p., 16 euros.

Agnès Gueuret, qui a déjà mené deux travaux de recherche sur l’évangile de Luc, en offre ici un commentaire libre et poétique. Libre dans sa manière d’alterner des passages narratifs ordonnés à une lecture linéaire du texte évangélique avec des pauses plus méditatives, convoquant Théophile, le dédicataire de cet évangile, et invitant à « relire », à « recommencer », comme Jésus lui-même a « redit » et « répété ». Par une lecture horizontale de la vie de Jésus, l’auteur fait une grande place aux récits de guérison et aux paraboles, aux disciples et aux grands prêtres. Cette lecture se mêle à une autre, verticale, des échos dans l’Écriture que suscite telle ou telle scène. Ainsi, Jésus lisant dans la synagogue de Nazareth les versets d’Isaïe se souvient d’Élie et d’Élisée, prophètes qui n’ont pas été accueillis dans leur propre pays ; ainsi, sa pâque fait mémoire de celle d’Égypte, de la multiplication des pains, du repas partagé chez Lévi.
L’image de la pierre tombée dans l’eau, où elle ricoche en cercles concentriques et « où pointe un harmonique », étaye ce travail de relecture et d’écriture qui apporte sa propre pierre, une parole neuve et inspirée.