La répétition de ce verset jusqu'au temps de Manassé témoigne d'une fermeté inébranlable de la foi biblique. C'est aussi pour nous un signe d'espérance dans la situation actuelle de Jérusalem, semblable, par bien des aspects, à celle de l'époque de ce roi corrompu.
La demeure du Seigneur
Que YHWH puisse faire demeurer son Nom en un lieu déterminé de la terre fait partie de la profession de foi qui se trouve dans le discours que Salomon adressa au peuple à l'occasion de la fête de la dédicace du Temple qu'il venait de construire (1 R 8,16.29 ; 2 Ch 6,1-2.6). L'unicité du sanctuaire et la concentration du culte à Jérusalem est un thème classique de l'historiographie et de la spiritualité du Temple dans le Livre du Deutéronome (12,5.11.21 ; 14,23 , 16,11). Ce fut aussi l'un des thèmes principaux de la réforme de Josias en 622 av. J.-C. (2 R 23,1-24 ; 2 Ch 34,1-7.28-33 ; 35,1-19). Cette réforme s'annonçait déjà avec Ezéchias (2 R 18,4 ; 2 Ch 29,3-31,1). La Cité rétablie après la destruction et l'exil qu'Ezéchiel contemple de façon idéale dans sa prophétie, même si elle est transfigurée, demeure sans aucun doute Jérusalem. On la nommera « Adonaï shammah » (« YHWH est là », Ez 48,35; cf. Ap 3,12; 21,2.10).
J'ai envie de sourire lorsque je lis, dans une note de la Bible de Jérusalem concernant le discours de Salomon (1 R 8,16) : « Le Nom exprime vraiment la personne et la représente : où est le "Nom de YHWH", Dieu est présent d'une manière très spéciale, mais non exclusive. » La parole de Dieu voudrait alors nous dire que le Nom du Seigneur demeure spécialement à Jérusalem — tel qu'il se trouve effectivement, mais moins spécialement en d'autres lieux. Voilà, semble-t-il, une proposition tout à fait banale et finalement inutile. C'est comme si l'on disait qu'Israël est le peuple élu — « une part sainte pour YHWH, les prémices de sa récolte » (Jr 2,3) — d'une manière tout à fait spéciale, mais non exclusive. N'est-ce pas là détruire l'élec...
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