
Léon Bloy déclarait à l'un de ses amis, Henry de Groux :
À en croire Léon Bloy, la répétition ne serait qu'une apparence dans la succession des heures, des jours, des mois, des années ; ceux-ci seraient en fait séparés les uns des autres par une « différence absolue, essentielle ». Bloy prend comme exemple les sept jours de la Création d'après la Genèse (qu'il fait coïncider avec les jours de la semaine romaine), jours distingués de façon « absolue » par leur contenu : les êtres différents créés à chaque étape de l'action divine. Cette conception originale de la durée est caractéristique du tempérament, de la vision et du talent de l'auteur qui s'attache de préférence à l'exceptionnel, discerné prophétiquement dans les événements ou les destinées.
Dans la lecture qu'il fait du premier chapitre de la Genèse, il omet cependant un élément qui relève bel et bien de la répétition, le refrain scandant les sept étapes de la Création : « Il y eut un soir, il y eut un matin : ce fut le premier [le deuxième, le troisième, etc.] jour… » En négligeant cet élément, Bloy réduit ce chapitre à un pur récit, alors qu'il est en même temps un poème. La poésie, on le sait, se fonde précisément sur un jeu de répétitions, le retour (versus) des mêmes rythmes, des mêmes sonorités, des...