La question du jugement est centrale pour le psychanalyste dans l’exercice de sa profession. Elle lui demande d’avoir une éthique très précise sur sa conception de son métier, sur sa place et son rôle vis-à-vis de son patient, sur sa responsabilité à propos des interre­lations entre son patient et l’entourage de celui-ci.
 

Dire ce qui vient à l’esprit


Depuis Freud, la règle de base de toute psychothérapie ou de toute psychanalyse proposée au patient dès la première séance est la sui­vante : « Efforcez-vous de dire tout ce qui vous vient à l’esprit, comme ça se présente, sans trier, le plus simplement et le plus spontanément possible. » Le psychanalyste écoute avec bienveillance et neutralité, « tout jugement suspendu », attentif à la manière dont vont se dire et s’exprimer les désirs, les angoisses, les plaisirs, les conflits, tout ce qui rend compte de la vie intérieure de celui qui accepte de parler ainsi en confiance. Son but est de repérer progressivement les lignes de force de la vie affective de son patient, de ce qui s’organise en lui pour faire sens et de l’aider à en prendre conscience. Il est le témoin de ce moment extraordinaire dans une cure où tout à coup le patient éprouve le surgissement d’une nouvelle manière d’être au monde dans laquelle l’histoire passée, l’histoire actuelle, la vie imaginaire, les aspirations et les renoncements s’actualisent dans l’émergence d’un sentiment nouveau d’unité et d’authenticité. « Là, j’y suis. Là, c’est bien de ce que “je” suis en vérité qu’il s’agit. »
Ainsi cette jeune femme, qui a tellement galéré au travers de ses différents échecs amoureux, s’écrie-t-elle : « Mais ce n’est pas que cela qui fait le sens de ma vie. Ma vie, c’est autre