Dieu porte un désir secret : rencontrer l'homme. Entrer en relation avec lui dans un dialogue amical où les partenaires puissent se reconnaître mutuellement pour ce qu'ils sont : « Je serai leur Dieu, et ils seront mon Peuple. » La Bible est l'histoire de ce désir, elle déploie de bout en bout cette promesse de rencontre dans la trame serrée des histoires individuelles, du devenir du peuple d'Israël et de l'attente universelle des Nations. Pour décliner ce thème, l'Ecriture nous présente d'abord la promesse comme un acte de parole qui met en relation. En effet, c'est parce que la Bible atteste que Dieu se révèle dans sa Parole qu'elle raconte comment il promet, fait serment et tient parole 1. Mais dans la mesure où il existe un espace entre promesse et accomplissement, l'acte de promettre — et c'est le second aspect — ouvre une épreuve qui interroge la fidélité de Dieu. Enfin, parce que l'Ecriture s'adresse aux croyants de toutes les époques, elle les provoque à s'interroger : « Où en sommes-nous de la Promesse ? » Telle est la dernière dimension sur laquelle il conviendra de méditer. Et si l'on en croit saint Paul, le meilleur point de départ est encore Abraham, puisque : « Appuyé sur la promesse de Dieu, sans hésitation ni incrédulité, mais avec une foi puissante, il rendit gloire à Dieu, certain que tout ce que Dieu a promis, il est assez puissant ensuite pour l'accomplir » (Rm 4,20-21).

UN ACTE DE PAROLE


Pour qu'il y ait promesse, il faut qu'il y ait deux interlocuteurs : le locuteur de la promesse et le récepteur de celle-ci. Entre ces deux se joue une histoire que l'expression de la promesse et son acceptation vont inaugurer. Car il ne suffit pas qu'une promesse soit émise, il faut qu'elle soit aussi accueillie par celui ou celle qui en est destinataire. La promesse — comme son degré supérieur : le serment — suppose deux libertés. C'est sur ce poids de la parole engagée qu'une alliance peut se fonder. Avec la figure d'Abraham s'inaugure dans l'histoire ce dialogue incroyable : Dieu se manifeste dans une parole qui promet, et en Abraham se lisent les effets de cette parole.


La promesse met en mouvement


« Le Seigneur dit à Abram : "Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t'indiquerai. Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton nom ; sois une bénédiction ! Je bénirai ceux qui te béniront, je réprouverai ceux qui te maudiront. Par toi se béniront tous les clans de la terre." Abram partit, comme lui avait dit le Seigneur, et Lot partit avec lui. Abram avait soixante-quinze ans lorsqu'il quitta Harân » (Gn 12,1-4).
C'est bien sur une parole de promesse que s'inaugure l'aventure d'Abram. Une promesse spéciale de bénédiction où Abram entend que se profile un mieux vivre lié à une terre, un avenir lié à une descendance et une renommée liée à la communication de la bénédiction qu'il reçoit. Ainsi se met en place ce qui fera le dynamisme de sa vie et, après lui, de tout un peuple. Mais l'étonnant n'est-il pas que, sur cette parole, Abram se mette en mouvement ? Fixé dans le clan de ses origines, Abram mène peut-être une vie heureuse, tranquille. Il est dans le quotidien, le bien connu. Et voici que la parole divine vient le déloger ! Il va falloir se déplacer, et derrière la métaphore de la migration se cache un déplacement plus important, plus profond : c'est toute la vie d'Abram qui bascule sur une promesse entendue à laquelle il dit progressivement oui.
En Gn 17, ce déplacement se fait rupture. Celui qui était Abram devient Abraham ; celle qui était Saraï devient Sara. La chair elle-même, par la marque de la circoncision, vient rappeler ce que le coeur a vécu, la purification qu'il a déjà connue. Abraham est un homme incomplet en voie d'achèvement. Dans le jeu d'une promesse prise au sérieux se joue une histoire, des amarres se rompent, un vent pousse les voiles, une vie humaine prend le large. Mais ce n'est pas tout. « Abraham avait soixante-quinze ans » lorsqu'il partit. C'est-à-dire qu'à l'âge où plus grand-chose n'est à espérer la promesse lance ce défi incroyable : du neuf peut advenir ! Ce n'est pas le moindre des effets que produisent les promesses bibliques dans l'itinéraire du peuple de Dieu ou des croyants. Si Abraham meurt à cent soixante-quinze ans (Gn 25,7), c'est donc que cette aventure qui le déplace lui donne la valeur d'une seconde vie, une mesure bien pleine, secouée, débordante : cent ans d'existence, et quelle fécondité !
En définitive, Abraham révèle les effets de la promesse : une vie qui se déplace et qui fait du neuf. Grâce à elle, l'inimaginable devient envisageable. Cette leçon biblique ne manquera pas de se jouer à plusieurs reprises dans l'Ecriture, l'épisode de l'Exode en étant peut-être le plus connu. Un peuple qui, sur la promesse de Dieu révélée à Moïse, accepte d'envisager l'impossible : quitter l'état d'esclave, se déplacer vers une terre nouvelle, une terre promise, changer d'identité en passant de ce qui n'était rien à un peuple, le peuple de Dieu.
L'Ecriture illustre donc à sa façon une réalité profonde. La promesse produit un dynamisme, libère une énergie avant même de se réaliser dans l'objet qu'elle promet. Il s'agit d'un acte de parole performatif, c'est-à-dire qui produit un effet par le seul fait d'avoir été énoncé, d'une part, et, d'autre part, entendu.


Ce que dévoile la promesse


L'aventure d'Abraham nous apprend autre chose. Bien sûr, il reçoit une série de promesses dont le catalogue ne laisse pas d'impressionner : 1. La renommée : « Je te bénirai, je magnifierai ton nom » (Gn 12,2) ; 2. La possession d'une terre : « Tout le pays que tu vois, je te le donnerai » (13,15) ; 3. Devenir père d'un peuple : « Ta postérité sera comme les étoiles du ciel » (15,5) ; 4. Etre le père d'une multitude de peuples : « Tu deviendras le père d'une multitude de nations » (17,4). Mais il ne suffit pas de méditer les effets produits chez le destinataire. Il ne suffit pas de contempler en Abraham le premier à avoir dit oui à ces paroles. Il faut aussi s'étonner de Celui qui parle ainsi en de telles promesses. Dieu dit quelque chose de lui-même en prenant le difficile chemin des engagements humains.
En concentrant sur la figure d'Abraham tant de promesses, le peuple d'Israël exprime ce qu'il connaît du Dieu de l'alliance. Abraham reçoit beaucoup : une terre, une descendance, une renommée. Au fond, il reçoit ce que le peuple d'Israël n'a jamais possédé complètement ou définitivement. On comprend donc que derrière l'aventure du patriarche s'esquisse quelque chose de plus important : l'affirmation que le Dieu qui promet est fidèle à ce qu'il dit ; et, derrière cette fidélité, l'Ecriture laisse entrevoir l'amour qui anime toute l'histoire de l'Alliance. Car, en promettant, le locuteur de la promesse se dévoile et s'expose nécessairement. Dans ses paroles de promesses, le Dieu d'Israël dévoile son projet intime. Et dans l'histoire qui s'ouvre, il s'expose à une question : son action sera-t-elle à la hauteur de sa parole ? Finalement, l'histoire de la relation de Dieu et d'Abraham est une méditation sur l'être même du Dieu d'Israël.
En reliant l'aventure biblique d'Abraham à celle de Jésus, l'Epître aux Hébreux franchira une étape supplémentaire en affirmant : « Cardons indéfectible la confession de l'espérance, car fidèle est Celui qui promet » (10,23). Le Dieu de l'alliance se voit ainsi nommé d'une façon nouvelle : il est « Celui-qui-promet », littéralement, en grec, il est « Le Promettant ».


LE TEMPS DE L'ÉPREUVE


Toute l'histoire biblique se joue dans l'espace entre la promesse émise et son accomplissement. C'est le temps de l'attente qui est aussi bien celui de l'espérance que de l'épreuve.
Pour Abraham, tout est facile lorsqu'il bénéficie de tant d'égards : terre, richesse, descendance, postérité, renommée ! Mais l'épreuve se présente lorsque, sur le chemin de la réalisation des promesses de Dieu, il entend cette parole : « Prends ton fils, ton unique, que tu chéris, Isaac, et va-t'en au pays de Moriyya, et là tu l'offriras en holocauste sur une montagne que je t'indiquerai » (Gn 22,2). Il lui est demandé de parcourir à rebours le chemin de l'alliance. Pour hériter d'une terre, il faut un peuple. Pour être un peuple, il faut au moins un descendant. En Gn 15,3, Abraham a su demander au Dieu des promesses, et il reçut Ismaël, fils de la servante Agar. Mais en Gn 17, c'est Dieu qui promet un enfant issu de lui et de Sara. Et voici Isaac, le fils de la promesse. C'est ce fils qui doit être sacrifié dans le pays de Moriyya. Cela ne confine-t-il pas au non-sens ? En Isaac, Abraham avait reçu une réalisation tangible de la promesse de Dieu. En acceptant d'entrer dans l'épreuve qui lui est proposée, en acceptant de monter sur la montagne, de lier son fils, en allant jusqu'à l'extrême geste d'un bras armé qui se lève prêt à détruire le bien promis, Abraham fait faire un pas de géant à l'histoire de la révélation divine. Il manifeste l'écart qui subsiste entre la parole de la promesse et ce qu'il croyait être son accomplissement. En refusant de se perdre dans les dons déjà reçus, Abraham creuse l'écart entre le début d'une réalisation et un accomplissement définitif. Il ouvre l'espace de la foi.
L'Epître aux Hébreux prendra le temps de méditer sur ce geste d'Abraham. Un geste insensé par rapport au bien promis, mais signifiant par rapport à ce que promesse de Dieu veut dire : « Par la foi, Abraham, mis à l'épreuve, a offert Isaac, et c'est son fils unique qu'il offrait en sacrifice, lui qui était le dépositaire des promesses, lui à qui il avait été dit : "C'est par Isaac que tu auras une postérité." Dieu, pensait- il, est capable même de ressusciter les morts ; c'est pour cela qu'il recouvra son fils, et ce fut un symbole » (11,17-19). Ainsi, son fils lui est donné une deuxième fois... et ce fut un symbole. Symbole de ce que fut toute la vie d'Abraham : quelqu'un ayant découvert que l'on ne peut pas se considérer le possesseur des biens promis, sous prétexte que l'on est le destinataire ou le garant des paroles divines de la promesse.
Ainsi en est-il de la terre promise selon la même Epître : « Par la foi, [Abraham] obéit à l'appel de partir vers un pays qu'il devait recevoir en héritage, et il partit ne sachant pas où il allait. Par la foi, il vint séjourner dans la Terre promise comme en un pays étranger, y vivant sous des tentes ainsi qu'Isaac et Jacob, héritiers avec lui de la même promesse » (11,8-9). Abraham, étranger dans la terre à lui promise et pauvre dans les biens à lui destinés, mais riche d'une juste connaissance de Dieu. L'épreuve a ouvert en Abraham des chemins nouveaux. Une promesse peut en cacher une autre.
Cet écart fondateur entre la parole de la promesse et le bien promis, les prophètes d'Israël auront pour mission de le maintenir lorsque le peuple sera tenté de se complaire dans sa terre possédée, son Temple bien bâti ou son roi. Dépossédé par une succession de désastres, Israël connaît de bien cruelles blessures. Comme Isaac, il lui faudra sentir planer au-dessus de lui le danger de mort, le basculement possible dans l'abîme du néant, pour saisir que la promesse de Dieu ne s'épuise pas dans les figures historiques d'un moment. C'est sur fond de menace que se ré-ouvre l'histoire de l'alliance.
La réalisation partielle des promesses dans certains biens n'est au fond qu'un chemin, une pédagogie divine qui conduit à quelque chose de plus noble. La découverte que derrière toutes les promesses se donne à entendre la Promesse : Dieu ne ment pas lorsqu'il donne sa Parole. Comprenant que le serment de Dieu se suffit à lui-même, Abraham peut entendre de façon nouvelle, en pauvre et en croyant, cette parole enfin débarrassée du leurre que les biens promis et désirés pour eux-mêmes peuvent représenter. L'ouverture de l'oreille délivre le regard de sa cataracte d'avidité : « Je jure par moi-même, parole du Seigneur : parce que tu as fait cela, que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions... » (Gn 22,16-18). L’Epître aux Hébreux ne dit pas autre chose à la communauté chrétienne éprouvée à laquelle elle s'adresse. Face à l'épreuve que représente le temps, la foi éprouvée peut au moins compter sur « deux réalités immuables » (6,18) : l'exemple du chemin de ceux qui ont persévéré jusqu'au bout et le serment divin qui se suffit à lui-même. Abraham est le père des croyants parce qu'il fut aussi le premier à ouvrir le chemin pour que s'accomplisse la Promesse de Dieu.

L'ACCOMPLISSEMENT PARADOXAL


Ce qui vient d'être dit du moment de l'épreuve pourrait tout autant se repérer chez d'autres grands personnages bibliques : Jacob, Moïse, David. A Jésus non plus, cette épreuve ne fut pas épargnée, et les Evangiles concordent pour en montrer le caractère radical : mort sans enfants, rejeté symboliquement de la terre promise en étant exécuté hors de Jérusalem et exposé sur la croix de l'infamie. Il faut bien admettre que les promesses de Dieu faites à Abraham et à sa postérité trouvent en Jésus un accomplissement paradoxal. Et pourtant, le Nouveau Testament témoigne d'une affirmation radicale : l'événement pascal, la mort de Jésus et sa résurrection, est le lieu où se concentre l'accomplissement de toutes les promesses de Dieu. D'une certaine façon, il y a communauté de foi entre Abraham et nous aujourd'hui. Cette foi concerne le Dieu qui ressuscite ce qui est déjà mort (cf. Rm 4). Ainsi Jésus déclare-t-il : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort. » Vivement contesté sur ce point par ses adversaires, il affirme ensuite : « Abraham, votre père, exulta à la pensée qu'il verrait mon jour. Il l'a vu et fut dans la joie » (/n 8,51-57).
Tout se passe comme si Abraham au pays de Morriya avait vu en Isaac plus loin qu'Isaac Mais qui vit-il ? Il a vu le fils de la promesse se laisser lier pour que la promesse fût dégagée des figures temporaires où il aurait pu l'enfermer. Or Jésus lui-même n'est-il pas le fils d'une promesse ? Au oui d'Isaac, au oui d'Abraham répond le oui de Jésus. Ce qui fait dire à saint Paul : « Toutes les promesses de Dieu ont en effet leur oui en lui [le Christ] » (2 Co 1,20). De même qu'Abraham devint père d'une multitude en donnant puis en recevant la vie d'Isaac, Jésus ressuscité révèle que Dieu est son Père, et Père d'une multitude de fils. La foi en la résurrection est au centre de la véritable filiation à laquelle sont associés tous les fils de la foi : juifs ou païens (cf. Ga 3).

Où en sommes-nous de la Promesse ?


En s'accomplissant en Jésus, la Promesse de Dieu ne s'éteint pas. Elle s'élance vers d'autres horizons. Un dynamisme nouveau apparaît. A la suite de leur maître Jésus, promettant lui-même l'Esprit ou l'avènement du Royaume (pour ne citer que ces deux exemples), voici que les récepteurs, les héritiers de la promesse, se mettent à leur tour à promettre.
Au jour de la Pentecôte, dans les Actes, Pierre annonce ainsi le kérygme : « Dieu l'a ressuscité, ce Jésus ; nous en sommes tous témoins. Et maintenant, exalté par la droite de Dieu, il a reçu du Père l'Esprit Saint objet de la promesse, et il l'a répandu. » La foule demande alors : « Que devons-nous faire ? », et Pierre de répondre : « Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don de l'Esprit Saint » (2,32-33.38). C'est-à-dire que, dans l'assurance de sa foi, Pierre se met à promettre à son tour ce que produit le baptême : le pardon des péchés et le don de l'Esprit Saint.
La confession de Jésus crucifié et ressuscité fait de nous des promettants, images de Celui-qui-promet, le Dieu Vivant, Le Promettant par excellence. En entendant pour nous-mêmes cette parole de Paul : « Or vous, mes frères, à la manière d'Isaac, vous êtes enfants de la promesse » (Ga 4,28), nous sommes introduits dans les effets produits par cet héritage. Les croyants ont pouvoir de promettre au nom même de leur qualité de fils. L'Eglise devient ainsi le corps de la Promesse.


Vers des promesses nouvelles


La nouvelle Alliance en Jésus est aussi fondée sur des promesses nouvelles. L'attente de son retour, l'avènement du Royaume, la résurrection des morts, sont autant de biens promis par Jésus qui entrent en continuité avec ce que l'Ancien Testament entrevoyait déjà.
Il y a une analogie entre notre situation par rapport à Jésus et celle de l'ancien Israël par rapport à Abraham. En effet, même si Abraham vivait en étranger dans la terre promise à sa descendance, il connut cependant un début de réalisation. Au soir de sa vie, il finit par pouvoir acheter une terre en pleine propriété pour ensevelir sa femme Sara. « Ainsi, le champ d'Ephrôn, qui est à Makpéla, vis-à-vis de Mambré, le champ et la grotte qui y est sise, et tous les arbres qui sont dans le champ, dans sa limite, passèrent en propriété à Abraham au vu des fils de Hèt, de tous ceux qui franchissaient la porte de sa ville » (Gn 23,17-18). Sépulture qui servit aussi pour lui-même : « Là furent enterrés Abraham et sa femme Sara » (25,10). L'attachement à une terre est souvent lié à la présence de la sépulture de ses ancêtres. Cette réalité, jusqu'aujourd'hui, ne nous est pas étrangère. Grâce au tombeau d'Abraham, Israël pouvait donc s'assurer du début de réalisation des promesses de Dieu.
En Jésus, nous contemplons l'accomplissement des promesses du Père. Mais le tombeau vide qu'il laisse derrière lui nous arrache à l'attachement à une terre qui serait un lieu géographique. La résurrection du Christ nous oblige à élargir notre horizon, et, désormais, « ce sont des deux nouveaux et une terre nouvelle que nous attendons selon sa promesse, où la justice habitera » (2 P 3,13).
La Seconde Epître de Pierre est considérée par les exégètes comme le dernier écrit du Nouveau Testament à avoir été composé. Elle tourne résolument notre regard vers cette promesse qui concerne toute la création et toute l'histoire. C'est le Jour de Dieu, Veschaton attendu dans la patience et la foi. Une perspective qui n'est pas non plus sans épreuves, puisque certains posent encore à l'Eglise cette question cruciale : « Où est la promesse de son avènement ? Depuis que les pères sont morts, tout demeure comme au début de la création » (3,4). Ce que l'Ecriture nous apprend de ce projet de Dieu en voie d'accomplissement depuis Abraham jusqu'à Jean-Baptiste, et accompli dans l'existence singulière de Jésus, est donc appelé à se déployer jusqu'à la fin de l'histoire du monde. La Promesse de Dieu, portée en Eglise, a besoin de nos promesses de croyants pour atteindre toute l'humanité. « Car le Seigneur ne retarde pas l'accomplissement de ce qu'il a promis, comme certains l'accusent de retard, mais il use de patience envers vous, voulant que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir » (3,9). Il est donc de notre responsabilité d'être des porteurs de la Promesse, pour que tous arrivent.



1. En effet, ce que nos traductions traduisent par le verbe « promettre » n'a pas d'équivalent en hébreu Les verbes majoritairement utilisés sont dâbar (parler) et 'amar (dire) La Septante traduira par laleô (parler) et legô (dire) L'usage du verbe grec epaggellô (promettre) est rare dans la LXX et presque exclusivement réservé aux promesses d'argent C'est le Nouveau Testament qui utilise abondamment le verbe « promettre » ou le substantif epaggeha (promesse) , on notera cependant que, dans les Evangiles, le verbe apparaît comme un hapax en Me 14,11 pour une promesse d'argent