Préf. R. Etchegaray. Postf. B. Gantin. Nouvelle Cité, coll. « Racines », 2001,216 p., 15,40 €.

Prier pour la paix, ou agir pour la paix ? Dans l'esprit de ses initiateurs de l'immédiat après-guerre, Pax Christi devait être une croisade de prières pour la paix. En effet on spiritualisait ce mot si terrestre : recherchons la paix du Christ et la paix des armes et des nations suivra la paix pieuse de nos cœurs. Le Père Lalande (1910-1998) ne cessera de réagir vigoureusement contre cette dérive. Dans une intuition fulgurante il saisit que si la paix est don de Dieu, elle est également oeuvre des hommes : on ne peut prier pour la paix sans agir pour la paix.
La paix est impossible, et elle est obligatoire. Si elle est mission d'Eglise et fonction de la cité, elle est avant tout une question d'amour : Dieu met la paix entre nos mains. Il nous demande d'y croire et de la vouloir Quand Bernard Lalande prend la responsabilité de Pax Christi en 1950, il souhaite achever la réconciliation franco-allemande et élargir cette fraternité aux autres nations. « Dans le Christ, écrit-il, nul n'est étranger, tous sont égaux en dignité. » La paix du monde se joue dans l'âme de chacun, elle se joue dans la rencontre, le dialogue, et pas seulement dans l'Eglise catholique : « Tous les hommes véritablement pacifiques sont appelés pour implorer et instaurer la paix. »
Ce livre, très discret sur la personne même de Bernard Lalande, nous présente la puissance de son témoignage, de sa pensée audacieuse et libre. Il souhaitait que le chrétien fut comme le chien de chasse qui se risque dans des chemins inexplorés, tout en demeurant à la portée de la voix de son maître. Le Père Lalande assumera pleinement ce risque jusqu'au terme de sa vie féconde.