Brigitte Picq

Centre Sèvres, Paris.
 
Dernier article paru dans Christus : « L’épreuve du veau d’or : fabrique et destruction de l’idole » (n° 227, juillet 2010).

La lecture de la Bible réserve des surprises auxquelles nous devons rester sensibles. Après la Loi et les Prophètes, ne trouve-t-on pas en effet un ensemble d’un genre unique, constitué de cent cinquante poèmes, destinés à être accompagnés d’instruments de musique : le Livre des Psaumes ? La tradition nous dit que le peuple de Dieu a toujours gardé une intimité particulière avec eux, de façon ininterrompue, aussi bien dans sa prière quotidienne que dans ses assemblées liturgiques.
Si ce recueil touche les croyants à travers les âges, n’est-ce pas parce qu’ils y reconnaissent, plus que dans tous les autres livres de la Bible, « les mouvements du coeur, portés à la parole et à l’écrit par le psaume », selon la formule de Paul Ricoeur (1) ? En effet, ce qui avant tout retient l’attention dans les Psaumes est leur forme poétique. C’est une forme de langage qui convient particulièrement à l’expression des sentiments humains les plus profonds et les plus permanents. Elle confère aux Psaumes l’impression de présent éternel, que confirme d’ailleurs la difficulté de fixer une date précise à leur constitution. La présence des sentiments dans les Psaumes est donc intimement liée à leur formulation.
L’oeuvre de traduction qui est attachée à ce recueil démontre que ce lien doit rester vivant. Le meilleur signe en est évidemment la traduction des Septante pour la communauté juive de langue grecque au IIe siècle avant J.-C. Plus près de nous, le fait que le psautier ait été le premier livre de l’Ancien Testament à se répandre, dès le XIIe siècle, dans le français de l’époque, témoigne bien du besoin reconnu de chanter les Psaumes dans les langues maternelles. Il se peut que cette connivence entre le coeur et le langage donne en