Desclée, coll. « Jésus et Jésus-Christ », 2001,248 p., 23 €.

Rarement initiateur d'une grande tradition spirituelle aura été aussi peu lu que Bérulle La faute en est à son style, dit-on Son écriture, il est vrai, se ressent de sa formation et de son tempérament de juriste. Mais celui qui restaura la vertu de religion en France, au dire de Bremond, déconcerte plutôt son lecteur par l'incertitude où il le plonge S'agit-il bien de spiritualité 7 Ne s'agit-il pas plutôt de théologie ?
Si Bérulle ne s'est pas proposé de composer, comme d'autres à son époque, une théologie mystique, sa mystique n'en est pas moins une mystique théologique, hautement théologique Entre la suavité salésienne et l'aridité scolastique, il a frayé une voie singulière pour inviter à l'adoration en esprit et en vérité. Le mystère du Dieu trine et un, celui de la création, le mystère du Christ surtout, ne cessent de faire l'objet de sa contemplation émerveillée. Il y trouve constamment de nouveaux motifs de laisser sa vie se conformer à celle du Fils qui a voulu se faire notre semblable
C'est pourquoi le bel ouvrage que le P. Dupuy consacre à la christologie de Bérulle a sa place dans une bibliothèque de spiritualité. La clarté de son écriture et de sa présentation (vingt-deux courts chapitres), l'abondance et le pouvoir suggestif des passages cités en font une excellente introduction à la mystique bérullienne
Certes, aucun des problèmes, parfois ardus, que posait à Bérulle la représentation de la personne du Christ, n'est éludé Le mystère de l'« anéantissement » du Verbe en particulier (sa kénose, comme on dit aujourd'hui), celui aussi de la liberté du Christ, thèmes éminemment modernes, font l'objet d'un examen attentif. Le talent pédagogique de l'auteur, appuyé sur une exceptionnelle connaissance des textes, facilite bien les choses