Presses de la Renaissance, coll. « Sagesse des chartreux », 2 002,220 p., 15 €.

Dès les premières pages, le lecteur sait où il marche : sur le chemin d'un maître des novices. La rigueur de son vocabulaire s'inscrit dans la longue tradition du monachisme oriental et occidental : ce chartreux ne cache pas ses sources, on peut s'y désaltérer avec lui.
Si les béatitudes ponctuent les chapitres, la force du courant biblique en déborde allègrement le cadre. La Bible répond à la Bible : l'auteur met en œuvre ce qu'il enseigne au sujet de la lectio divina. C'est une erreur de croire que l'on peut négliger l'étude de la parole divine ou, plus tard, l'abandonner, et malgré cela atteindre directement l'union intime avec Dieu. Tout au long de ces instructions court l'avertissement salutaire de ne pas brûler les étapes, de respecter l'économie de la foi, pour vivre cette lente croissance en Dieu de la personne humaine : « Visons haut, le plus haut possible... Mais assurons-nous que nos pieds sont bien plantés sur le sol avant de nous élancer. » Le même réalisme spirituel brasille au cœur des chapitres consacrés à la pureté : « Il n'y a guère de pureté absolument innocente comme il n'y a pas d'innocence définitivement perdue. »
L'enseignement du maître plonge ses racines dans la vie théologale : « C'est le cœur caché, connu de Dieu seul, qu'il s'agit de purifier. » Le cœur, heu de l'affectivité et de la volonté, est aussi celui de l'intelligence Reconnaître que « les idées de la foi ne représentent pas Dieu parce qu'elles visent le mystère personnel de Dieu » n'autorise pas pour autant à chuter dans les « dévouons niaises »
La théologie spirituelle prend son envol, lestée par un fort réalisme ecclésial Elle structure un discernement très fin opérant sur les influences mutuelles du psychisme et du spirituel De précieux repères sont ainsi proposés à ceux qui s'interrogent sur le déferlement thérapeutico- spirituel d'aujourd'hui