Très connue en Amérique du Nord, la soeur Chittister est amenée à oeuvrer sur de nombreux fronts, notamment pour la reconnaissance des droits des femmes dans l’Église et dans la société.
C’est dans le cadre de son engagement au sein du Global Peace Initiative of Women – réseau pacifiste, multiconfessionnel et international de femmes responsables religieux – que se situent les événements ici relatés. Ils ont eu lieu en novembre 2006, alors que la tension politique était à son comble au lendemain du conflit israélo-libanais de juillet-août.
Avec le recul du temps, ce texte tient lieu de parabole.


Jusqu’aux dernières élections 1, les États-Unis avaient refusé toute communication avec le gouvernement syrien sur la situation au Moyen Orient. L’ambassadeur de Syrie à Washington était tenu à l’écart des entretiens menés par les États-Unis et, comme tout un chacun, il apprit par la télévision que son pays se trouvait inscrit sur la liste américaine des « pays du mal ». Les tensions augmentaient chaque jour.
Notre petite délégation de la Global Peace Initiative of Women partit alors pour la Syrie avec pour objectif de pratiquer la diplomatie « de citoyen à citoyen ». Imad Moustaffa, l’ambassadeur à Washington, nous avait dit : « Venez, voyez par vous-mêmes. Les Syriens ont besoin de rencontrer des Américains qui ne les haïssent pas. » Il s’agissait, quel que soit l’antagonisme existant au sommet, de communiquer avec le peuple pour que cet état de choses n’empoisonne pas toute la population. Sa Béatitude Ignace IV Hazim, patriarche d’Antioche, nous déclara : « Nous ne connaissons pas le peuple américain, nous entendons seulement le président des États-Unis… et nous éprouvons un profond ressentiment à son encontre à cause de l’image qu’il donne de la Syrie. La Syrie n’est pas un pays islamiste, c’est un État laïc, et en tant que chrétiens, nous ne sommes pas opprimés. »
On souhaitait nous montrer l’Église contemporaine de Syrie, l’une des plus anciennes populations chrétiennes du monde. Tandis que nous déambulions dans les ruelles étroites des quartiers pauvres de Damas, je réalisai que Paul de Tarse avait, lui aussi, parcouru les alentours. « Paul a marché ici même, dans cette rue », dit le traducteur. Et nous émergeâmes soudain dans « la rue droite », dont parlent les Écritures. La portée de cette constatation dépassait l’histoire biblique. Nous nous trouvions exactement dans la rue qui relie les premiers moments du christianisme aux luttes actuelles.
La voiture s’arrêta devant un énorme bâtiment de marbre, le couvent de Damas, dirigé par Régina, une moniale âgée mais vigoureuse appartenant à l’ordre de saint Basile. Les soeurs de la communauté oeuvrent en faveur des réfugiés irakiens. « Quatre mille arrivent en Syrie chaque jour », dit soeur Régina, et l’archevêque Avak Asadourian nous confia après que plus d’un million d’Irakiens s’étaient réfugiés en Syrie pour échapper aux b...
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