Cerf, 2002, 136 p., 18 €.

C’est son sous-titre qui indique le véritable but du livre de Jean-François Noël : explorer la « frontière » du psychique et du religieux. La question est de savoir comment en quoi et en quelles circonstances le spirituel est « en concurrence » avec le psychologique et parallèlement en quoi, comment et en quelles circonstances le spirituel représente l'achèvement normal du psychologique
Pour l'auteur, il y a, dans le psychologique, deux tendances qui vont dans le sens de la concurrence : la première consiste à prendre le soi pour centre du souci humain et à repousser tout ce qui prend la Lectures spirituelles pour notre temps figure d'une trop haute alterné. La seconde, qui est un mécanisme bien connu de la psychanalyse, consiste à refouler ou à travestir tout ce qui n'entre pas dans le projet psychique immédiat En ce sens, le spirituel est l'objet d'un refoulement quasi incessant
Mais cette façon de vivre sa vie psychologique est pauvre et n'épuise pas le tout de l'homme. D'une part parce que la psychanalyse elle-même désigne l'homme comme un être de désir infini ; et d'autre part parce que l'accession au symbolique (à une vie adulte dégagée des pulsions partielles de l'enfance) consiste à accepter l'interdit qui nous empêche de croire à notre toute-puissance infantile bref qui nous fait accéder à l'altérité en tant que telle. Du coup, le religieux apparaît comme l'achèvement de tout processus psychologique et le dialogue avec celui qui est « au-delà de tout » est le modèle de toute vie psychologique.
Cet ouvrage parfois excessivement apologétique, contient d'excellents passages d'analyse biblique, mais il est surtout intéressant dans sa défense de la ritualité et de l'ordre sacramentel comme facilitant le processus de symbolisation que doit traverser tout humain, afin de parvenir non seulement à son accomplissement psychique mais aussi à sa maturité spirituelle. Importante aussi est la défense d'une collaboration possible entre psychanalyse et vie spirituelle au nom même de la juste compréhension de cette dernière.