Le livre se veut un essai pour penser la foi chrétienne depuis l'acte qui, selon l'auteur, la caractérise : le « dessaisissement ». Ce terme donne sa perspective à l'ouvrage. Ce dernier décline les différentes facettes du dessaisissement relatives aux différentes dimensions de la vie chrétienne : rapport du croyant à Dieu, à lui-même et à l'Église, mais aussi de l'Église à l'Évangile, à elle-même et au monde. Le style est clair et émaillé de poèmes et récits qui donnent chair à la réflexion. L'auteur prétend proposer une réflexion conceptuelle depuis sa propre expérience de croyant, professeur de philosophie engagé dans l'action sociale à un niveau local et communautaire. Comment l'Église, communauté de l'offre et de la réception du salut, est-elle en même temps une « Église de la soif » (p. 102) ? Comment la radicalité du message évangélique met-elle le croyant et la communauté sur la voie d'une pérégrination sans cesse inaccomplie, disqualifiant toute interprétation identitaire de la foi ? Il en résulte un ouvrage d'anthropologie théologique original, riche en tensions et en propositions, et marqué par une forte tonalité existentielle. Car l'être dessaisi qui consent à la foi et à la confiance fait l'expérience d'une « recréation », autre terme clef de l'ouvrage. Finalement, le mérite de ces pages est de confronter le lecteur aux enjeux essentiels de la foi chrétienne avec lucidité et sincérité sans cesser d'allier, à la radicalité de la pensée, l'expérience vive de l'espérance.