La Théologie germanique, Jérôme Millon, coll. « Atopia », 2000, 206 p., 9,15 €.
Le Petit Livre de la Vie Parfaite, Prés. A. de Libéra. Trad. G. Pfister. Arfuyen, 2000, 173 p., 18,29 €.

 
Opuscule anonyme du XIVe siècle, apprécié de Luther qui l'éditera partiellement en 1516, puis totalement en 1518 (ce qui tempéra l'ardeur anti-mystique fréquemment répandue dans les milieux protestants), la Theologia Deutsch reprend et diffuse les thèmes néoplatoniciens de la mystique eckhartienne, centrant son propos sur le renoncement et l'abandon, conditions de l'union à Dieu de l'âme parvenue à la parfaite nudité. Ce livre reflète les préoccupations du mouvement des « Amis de Dieu » qui, consternés par la dégénérescence de l'Église d'alors, se présentaient comme une alternative spirituelle afin de redresser la situation.
En 1983, Jean-Jacques Anstett nous avait donné, aux PUF, la traduction d'un manuscrit de 1497, assez différent de l'édition de Luther de 1518. Sous le titre du Petit Livre de la Vie Parfaite, la traduction élégante et soignée de Gérard Pfister, fondée sur la plus récente édition critique, ne fera pas double emploi et introduira avec profit à la connaissance de ce courant exigeant de réformisme spirituel.
Cependant, on ne négligera pas la réédition de la traduction de cène Théologie germanique par Pierre Poiret, datée de 1700, du plus haut intérêt puisque nous est ainsi proposé le texte dont disposaient les milieux piétistes du XVIIIe siècle, manifestant la continuité, certes ténue et fragile, de la mystique médiévale au Réveil dans les Églises protestantes.