Préf. J.-P. Bardet. Cerf, coll. Histoire religieuse de la France », 2002, 552 p., 45 €.
 
Apparus en France à la veille de la seconde Guerre mondiale, les mouvements de spiritualité conjugale ont connu depuis un vigoureux essor, dont ce livre, issu d'une thèse de doctorat retrace la préhistoire.
Deux visions s'affrontent. La vision traditionnelle, issue de saint Augustin et relayée au XVIIIe siècle par le jansénisme, voit dans la « chair » une déchéance, à tolérer faute de pouvoir l'éliminer. Là contre, le Concile de Trente affirme que le mariage, étant sacrement est source de sainteté pour les époux — position popularisée par saint François de Sales dans deux célèbres chapitres de l'Introduction à la vie dévote.
Au long des siècles, cette doctrine va cheminer. Des époux font l'expérience que c'est dans leur amour mutuel qu'ils peuvent vivre pleinement l'amour de Dieu. Des pasteurs, et notamment des jésuites, leur font écho et publient maints manuels du « bon mariage ». Certes, les XIXe et XXe siècles, polarisés sur l'obligation de la procréation, « fin primaire » du mariage, ont marqué un durcissement. L'efflorescence des Équipes Notre-Dame n'en est que plus remarquable.
Riche de faits concrets, de témoignages et de portraits vivants, ce livre met en lumière ce qu'à travers des tensions parfois douloureuses un dialogue entre clercs et laïcs peut faire naître. L'histoire n'est pas terminée.