C’était un dimanche de décembre, le premier après le début des vacances de Noël, le dernier avant le 25 décembre. Je me trouvais au premier étage du Palazzo Centrale, en face de mon bureau, et, me penchant, je regardais le grand espace du rez-de-chaussée appelé « atrium » : durant l’année universitaire, il est le lieu où les étudiants se retrouvent, un espace qui nous rappelle que les étudiants sont la raison d’être d’une université... le lieu de leur présence et de leurs voix entre deux cours, entre les activités du matin et celles de l’après-midi. Ce jour-là, l’atrium était silencieux ; seule y demeurait la crèche, installée là il y a quelque temps déjà... Et je me rappelais les quinze derniers jours du trimestre : à chaque interruption de cours, trois fois pendant la matinée, un groupe d’étudiants chantait deux ou trois chants de Noël. Le groupe était chaque fois différent ; ses membres partageaient la même origine nationale, la même langue, le même patrimoine culturel... Et leurs chants s’élevaient dans cet espace d’ordinaire bruyant, au milieu d’autres étudiants, d’enseignants et de membres du personnel administratif venus écouter et se laisser toucher par ce qu’ils entendaient. L’événement de la Nativité prenait alors le visage et avait la voix de ces étudiants venus de tous les coins du monde – car les 2 700 étudiants de la Grégorienne appartiennent à plus de 120 pays différents – qui nous transmettaient la joie de Noël telle qu’elle s’exprime au cœur de la vie et de la foi de leurs peuples et de leurs Églises. Sans doute n’avais-je jamais vécu aussi intensément et aussi sensiblement cette universalité de l’événement de l’Incarnation à la manière dont Ignace en parle dans les Exercices spirituels dans la contemplation de l’Incarnation : « Voir l’immensité et la sphère du monde où vivent des peuples si nombreux et si divers... » (n° 103). Moments uniques et émouvants où, sans longs discours, vibrent à l’unisson ceux et celles qui étudient et enseignent à la Grégorienne pour porter sur les frontières du monde – frontières autant culturelles et spirituelles que géographiques – la bonne nouvelle du Verbum caro factum est.


Depuis 1551...


De tous horizons

Je ne sais à quand remonte cette tradition, mais elle laisse pressentir ce qui se vit et se joue dans cette Université, depuis ses origines, quand Ignace de Loyola fonda en 1551 le Collège romain. Il me semble qu’une université ne ressemble jamais à une autre, même s’il s’agit toujours, pour chacune d’entre elles, d’offrir un cadre et des moyens pour se livrer au travail de l’intelligence dans la recherche de la vérité. Une université aussi ancienne que la Grégorienne a, en quelque sorte, « une âme propre », quelque chose d’unique qui lui vient de ses racines et qui relève tant de son histoire que de sa mission particulière. Depuis ses débuts, le Collège romain, devenu Université pontificale grégorienne en 1873, est confié à la Compagnie de Jésus et vit d...
La lecture de cet article est réservée aux abonnés.