De nombreuses études ont montré que saint Ignace était habité d’une grande dévotion à la Trinité. Or on n’en trouve que peu de mentions dans les Exercices. Le propos de cet article vise à souligner comment la Trinité est présente dans les Exercices spirituels.

Pour traiter de la place que les Exercices spirituels de saint Ignace font à la Sainte Trinité, il faut partir d’un étonnement ! En effet, de nombreuses études ont démontré que le fondateur des jésuites était profondément habité d’une dévotion à la Sainte Trinité. Or on ne trouve qu’une seule mention explicite de la « très Sainte Trinité » dans le livret des Exercices et à deux reprises « les trois Personnes divines ». Certes, l’évidence de la manière dont le dynamisme spirituel et théologique de ce Mystère habite ce texte apparaît très rapidement, mais sous des formes qui pourraient surprendre les chrétiens contemporains et qui méritent d’être analysées. Le propos de cet article vise donc à rechercher, pour ainsi dire, les vestigia trinitatis que renferme le livret des Exercices spirituels1 !

Lorsque Ignace de Loyola termine sa lettre du 18 juin 1536 à Thérèse Rejadell par la formule suivante : « Pour finir, je prie la Très Sainte Trinité de nous donner, dans son infinie et souveraine bonté, sa grâce parfaite, pour que nous ayons le sens de sa très sainte volonté et que nous l’accomplissions entièrement. »2, il s’agit bel et bien de l’indication d’un profond enracinement spirituel du saint dans la Trinité. Plusieurs études ont été consacrées aux cinq illuminations que saint Ignace a connues lors de son séjour à Manrèse et que le Récit du pèlerin nous rapporte. La première vision porte explicitement sur une compréhension par analogie du mystère de la Trinité (n° 28) sous la figure de trois touches d’un clavier, sorte d’accord musical. Il a été démontré amplement par ailleurs que l’illumination dite du Cardoner a eu, elle aussi, une tonalité trinitaire fondamentale3. Même si le Récit n’est dicté par saint Ignace qu’en 1553 pour des