Spontanément, on entend cette expression dans un sens large : dans la vie chrétienne, tout est don, les vertus aussi bien que les charismes. L'Esprit lui-même est le don par excellence. Les Pères de l'Église ont beaucoup insisté sur le don du Saint-Esprit qui repose sur Jésus, le seul qui ait reçu la plénitude de ce don, maintenant communiqué à tous les chrétiens par le baptême dans la foi.
Ce don de l'Esprit se déploie de manière septiforme, selon le texte d'Is 11,1-3, abondamment cité par toute la tradition dans sa version des Septante et de la Vulgate : « Un rejeton sortira de la souche de Jessé, un surgeon poussera de ses racines. Sur lui reposera l'Esprit de Yahvé, esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de science et de piété, il sera rempli de l'esprit de crainte de Yahvé. » Ce septénaire marque évidemment la perfection du don essentiel de l'Esprit qui atteint l'homme dans toutes les dimensions de son humanité. Il donnera lieu, au cours de l'histoire, à de multiples développements — certains Pères, comme Origène, soulignant particulièrement le don de l'Esprit reçu par Jésus ; d'autres comme saint Augustin, élaborant à partir de la liste des dons un chemin de vie spirituelle proposé aux chrétiens, allant de la crainte, commencement de la sagesse, à la sagesse elle-même, considérée comme le sommet de l'édifice spirituel, en qui sont résumés d'une certaine manière tous les dons.
Dans les pages qui suivent, l'expression « don du Saint-Esprit » sera entendue non pas dans ce sens large que l'on rencontre le plus fréquemment, mais dans son sens technique qui s'est constitué au Moyen-Age, avec Albert le Grand, Bonaventure et surtout Thomas d'Aquin. Celui-ci reste le docteur incontesté de la doctrine des dons du Saint-Esprit, qui n'a d'ailleurs pas été unanimement reconnue par les théologiens dans cette forme précise reçue au XIIIe siècle.

Les vertus et les dons


L'originalité des grands théologiens du Moyen-Age est à chercher dans la subtile distinction entre les vertus et les dons. Cette distinction peut paraître tout à fait formelle. Mais nous pouvons en percevoir l'intérêt dans le cheminement suivi par