Préf. A. Bloom. Ed. L. Ouspensky. Trad. J -C. Larchet. Cerf, 2001,94 p., 39 €.

Les chrétiens de l'Eglise occidentale n'ont pas toujours conscience de la redécouverte que fit l'Eglise orthodoxe de sa Tradition iconographique. Car même si, depuis la fin du XIX, voire depuis les années 1860, les icônes avaient été reconnues par les artistes et les historiens, leur sens théologique semblait perdu depuis plusieurs siècles, et avec lui leur enjeu fondamental.
Emigré russe arrivé en 1926, artiste-peintre évoluant dans le Montparnasse artistique des années trente, athée convaincu, Leonid Ouspensky fit un jour, avec son ami Georges Krug, le pari de peindre une, puis des icônes. C'est alors que son regard et sa sensibilité d'artiste lui firent prendre conscience de l'unicité esthétique, iconographique et théologique de l'icône. Les deux amis artistes se convertirent. Ouspensky mit son art et sa pensée au service du Sens de l'icône, selon le titre que reçut la publication de ses recherches en 1952, et de sa Théologie de l'icône, cours publiés en 1960.
L'originalité et la grandeur de son oeuvre iconographique tient précisément dans cette redécouverte de l'icône authentique qui seule permet de créer des oeuvres nouvelles, conformes à la Tradition
Paradoxalement, il conseillait à ses élèves de dessiner sans relâche les gens qu'ils voyaient autour d'eux, dans la rue et le métro, car, pour lui, une icône est un reflet, en lignes et en couleurs, d'une expérience des choses éternelles, une expression personnelle, « celle d'une personne, d'un membre vivant du Corps mystérieux du Christ, de l'expérience de tout le Corps de l'Eglise qui est devant vous ».