Une fois au moins la musique a adouci les moeurs. À Prague, le 28 octobre 1918. Ce jour-là, les habitants de la capitale tchèque ont bousculé le calendrier et attrapé au vol leur indépendance. La Grande guerre était en passe de s’achever… L’empire austro-hon­grois éclatait. Cela faisait trois siècles que les Tchèques attendaient d’échapper à la tutelle autrichienne et de recouvrer leur liberté. Alors ils furent les premiers à s’évader de la « prison des peuples », ainsi qu’était qualifié, à l’époque, l’Empire des Habsbourg.
Le 28 octobre 1918 donc, les dirigeants du mouvement national tchèque étaient en exil à l’étranger. En particulier Thomas Masaryk, le père de la patrie. Qu’à cela ne tienne ! La déliquescence de l’Autriche- Hongrie était telle que ceux qui avaient pu rester sur place, à Prague, décidèrent de passer à l’action. À moins qu’ils n’aient répondu, tout simplement, à l’impatience de la population. Non sans inquiétude. À Prague vivait alors une forte minorité de langue allemande, peu pressée – elle – de sortir de l’Empire. Les responsables du Conseil national voulurent prévenir d’éventuelles violences à son égard. Après avoir enjoint à la population de respecter « l’ordre et le calme », ils demandèrent en fin de matinée que tous les orphéons et fanfares descendent dans la rue. Effet immédiat : à partir de 13 heures, les orchestres populaires lançaient des