La joie jaillit de la présence de l’autre, aimé et ami. Marque profonde de notre relation au monde et aux autres, elle excède de beaucoup la satisfaction du service rendu, ou même une adéquation bien rassurante à soi-même, à ses convictions, aux autres. Elle sourd des effets d’une présence reconnue, qui nourrit en retour une qualité de présence : ouverture et accueil, confiance et prévenance, écoute et attention, dynamisme et service, donc désir d’être pleinement présent à celui qui nous rend présent à nous-même en vérité. Cette joie-là rayonne des disciples témoins de la résurrection du Christ et remplis de son Esprit de vie.
En eux comme en nous, la joie du ressuscité change le disciple en apôtre. Il va de l’avant, jusque dans l’inconfort, les contrariétés, la maladie ou l’enfermement, la misère ou le rejet, surtout là où le tragique de la vie fragilise l’espoir des hommes et dresse la croix du Christ. Celle-ci pourtant annonce sa résurrection et sa présence victorieuse de la souffrance, de l’injustice, de la mort. À l’inverse de la jalousie qui annule l’autre ou de la peur qui l’oublie, la joie dilate l’amour et donne à sentir, en soi comme en l’autre, l’espérance qui habite ou l’attente qui mendie. Pas de relation juste, toutefois, sans durée, où la joie se fait patience et persévérance – joie de l’ami, qui reconnaît la présence du Christ, de l’époux, dans les signes opérés et les relations nouvelles qui s’engendrent (cf. Jn 3,29).