Si la répétition apparaît au cœur de toute dynamique humaine, elle est encore constitutive d'un ethos chrétien. Dieu a parlé, dans l'histoire, à des hommes, membres d'un peuple. Cette histoire est une histoire du salut : « Dieu sauve. » Dieu a un dessein pour son peuple, qui est un dessein d'amour, de salut, que le peuple découvre peu à peu. L'on a ainsi parlé, pour cela, d'« économie » divine : Dieu se révèle dans le temps et dans l'histoire. Dieu respecte l'historicité des hommes et des femmes, historicité qu'il a voulue dans son dessein créateur et qui est bonne. Son projet pour l'humanité se donne donc dans le temps et dans l'histoire et impose un acte de mémoire : je fais mémoire des merveilles de Dieu dans ma vie et dans l'histoire de mon peuple. Faire mémoire du passé n'est pas se replier nostalgiquement sur un passé révolu et idéalisé, mais s'ancrer dans l'histoire de son peuple, pour mieux aller de l'avant, « en sortie ». L'acte de mémoire donne le courage pour avancer, il aide aussi à discerner la route à suivre et donne assurance.

La répétition indique un chemin qui est chemin de vie. Ce chemin passe par un retour en arrière, un acte de mémoire : mémoire des grâces reçues, mémoire des découvertes, parfois lumineuses voire éblouissantes, mémoire aussi – de manière seconde – des zones d'ombre, des obscurités. Il est fondamentalement mémoire des rencontres avec le Ressuscité dans ma vie et dans la vie de l'Église, dans leurs colorations diverses. Dans cet acte de mémoire, je me mets en quête du Ressuscité pour être toujours davantage ressuscité et témoigner de cette résurrection à laquelle chacun et chacune est appelée. Cette résurrection passe par une conversion, un changement, une sortie qui déplace. La répétition n'est pas immobilisme, mais sortie de soi pour rencontrer le Ressuscité qui se donne à tous et toutes.

Un peuple qui fait mémoire

De tout temps, Dieu se communique aux hommes et femmes dans un dialogue. Il les appelle,